Data data data

Le 25 janvier 2010

Cela fait déjà quelques temps que l’on peut considérer que nous sommes en pleine infobésité. Avec les blogs, les réseaux sociaux, le temps réel, les addicts de l’information ont de quoi assouvir leur dépendance. C’est dans cet espace que l’on voit apparaître un désir de traitement de l’information différent, plus proche des besoins du récepteur. Du journalisme de liens à l’hyperlocal (ou micro local), l’enjeu est bien celui des données.

Ce billet a été rédigé par Benoit Vidal, étudiant en 4ème année à l’École des Hautes Études des Technologies de l’Information et de la Communication.

Cela fait déjà quelques temps que l’on peut considérer que nous sommes en pleine infobésité. Avec les blogs, les réseaux sociaux, le temps réel, les addicts de l’information ont de quoi assouvir leur dépendance. C’est dans cet espace que l’on voit apparaître un désir de traitement de l’information différent, plus proche des besoins du récepteur. Du journalisme de liens à l’hyperlocal (ou micro local), l’enjeu est bien celui des données. Ce que l’on appelle data(base) journalism, le journalisme de données, s’inscrit clairement dans trois trajectoires de l’ère de l’Information dans laquelle nous venons à peine d’entrer.

Le premier point, sur lequel je ne m’épancherai pas car Caroline Goularddresse un état des lieux lucide dans un mémoire, est la crise/disparition de la presse papier, l’avènement du web et les changements profonds qu’ils provoquent dans l’économie de la presse.

Raw Data Now

La seconde trajectoire est plus scientifique et concerne le web sémantique, un web des données. Avec un approfondissement et une complexification du web, c’est un saut quantitatif et qualitatif sans précédent, aux conséquences socio-économiques encore largement insoupçonnées. Afin de donner de l’élan à ce web de données, Tim Berners Lee (créateur du web) a lancé le paradigme Linked Data ou données liées. Son slogan Raw Data Now suppose de libérer les données telles qu’elles. C’est la première étape inévitable pour un web avec plus de sens, un web « sémantisé ». Lancé par le gouvernement Obama et leur data.gov, ou des organismes tels que la Sunlight Foundation, on assiste aujourd’hui à de véritables lâchés de données.

La visualisation de données est un des grands défis de ce siècle.

Que faire de ces données brutes ? La réussite des visualisations graphiques interactives du New-York Times relève de leur capacité à faire travailler ensemble journalistes, interaction designers et développeurs afin de donner du sens à l’intéractivité, un sens visuel… à des données qui n’en ont pas, de leur donner une lisibilité, une accessibilité. C’est là toute la difficulté et c’est de la synergie des différents métiers que naîtra la cohérence. Ce traitement de l’information est vraiment pertinent lorsque l’on pense que nous n’en sommes qu’au début du tout numérique. Le lecteur des journaux gratuits chaque matin trouvera certainement un intérêt dans des e-books (Kindle, Tablet Mac) s’ils apportent une réelle plus-value à un canard papier, s’il peut prendre part à ce qu’il regarde, s’il peut jouer avec l’information. L’expérience sera pour lui plus enrichissante, en opposition avec le journalisme narratif. Je vous invite à regarder cette vidéo avec Manuel Lima, Interaction Designer et fondateur deVisualComplexity.com, au sujet de la visualisation de données.

Statistical thinking will one day be as necessary for efficient citizenship as the ability to read and write.

George Wells n’avait pas tort. Cependant, nous ne sommes pas encore dans un contexte de data-obésité comme on peut connaître aujourd’hui uneinfobésité réelle. Tout comme l’information signifie pouvoir, il y a beaucoup de réticences à libérer des données, notamment en France. Data War ?

En conclusion, je vous laisse lire Eric Scherer, directeur stratégie et relations extérieures de l’AFP :

L’an dernier, la page la plus visitée du site du New York Times fut une infographie interactive. Le problème, c’est que les groupes de presse français disent ne pas savoir où trouver les talents pour faire un travail de cette qualité.

Avons-nous ici la seule raison ?

» Article initialement publié sur le site de Benoît Vidal et repris sur Database Journalism /-)

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