OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Faites croître votre fan base sur Facebook ! http://owni.fr/2011/03/11/faites-croitre-votre-fan-base-sur-facebook/ http://owni.fr/2011/03/11/faites-croitre-votre-fan-base-sur-facebook/#comments Fri, 11 Mar 2011 13:08:13 +0000 Robin Davey http://owni.fr/?p=30843 Robin Davey est un musicien, réalisateur de films et producteur né au Royaume-Uni et vivant actuellement à Los Angeles. Avec son groupe The Hoax, il a eu les honneurs du British Blues Hall Of Fame à l’age de 23 ans. Son groupe actuel, The Bastard Fairies, a été le premier groupe à proposer son album en téléchargement libre sur internet en 2006. Cet album s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires.

Robin publie sur le site américain Music Think Tank, ainsi que sur son blog personnel.

S’agissant de votre musique, les gens ont une préoccupation principale : ce qu’elle signifie pour eux et non pas ce qu’elle signifie pour vous. Ceci est une des leçons les plus importantes qu’un musicien puisse recevoir.

La naissance des réseaux sociaux a donné aux fans un aperçu des aspects les plus terre-à-terre de la célébrité. Le résultat, c’est une nouvelle “dynamique de la normalité”. Cependant, maintenant que tout le monde est sur Twitter, du batteur des Black Keys à l’Etat de Corée du Nord, le fait de distiller des informations au compte-goutte appartient au passé. Le courant s’est inversé.

Maintenant, il est temps que l’artiste utilise les réseaux sociaux pour apprendre à connaître ses fans. Facebook s’avère être l’endroit parfait pour obtenir des informations vitales sur ce qui fait réagir votre fan base. Voyez-le comme un questionnaire de satisfaction client accessible du bout des doigts !

4 manières de faire gonfler votre fan base

1. Allez chercher vos fans

Le fait de vous “liker” sur Facebook ne fait pas instantanément de la personne un fan. Cela ne veut pas dire grand chose tant que vous ne les avez pas fait pénétrer plus loin dans votre monde. Lorsque vous postez quelque chose sur votre wall, ceux qui vous suivent ont le choix entre “liker” votre contenu ou aller plus loin en commentant. Les raisons pour lesquelles ils sont devenus “fans” de vous sur Facebook peuvent être multiples, et votre musique ne figure peut-être pas si haut que vous le croyez sur la liste.

Peut-être ont-ils trouvé votre photo sympa, que le nom de votre groupe est cool, ou alors ils pensent que vous êtres le groupe qu’ils ont entendu à la radio. Si vous aimez une chanson ou un autre artiste, postez un lien sur votre page, et dites à quel point vous les aimez. Si vos “fans” apprécient aussi, vous êtes sur la bonne voie pour les amener à se connecter à votre musique.

2. Comprenez la fonction “like”

Lorsqu’un de vos posts est “liké”, il faut prendre un peu de recul. Ne vous prenez pas trop au sérieux parce que vous avez dit quelque chose qui a entraîné un clic sur le bouton “like”. Au contraire, dites-vous que si ces personnes ont cliqué, c’est qu’elles ont pensé que ce que vous avez posté les définissait d’une manière ou d’une autre. En faisant apparaître leur nom dans les commentaires, ils vous approuvent. Si vous obtenez un nombre de “like” supérieur à la moyenne, ce n’est pas juste que vous avez dit quelque chose d’intelligent, c’est que vos fans ont répondu à un élément dont ils se sentent proches. Essayez d’y trouver un modèle que vous pourrez affiner au fur et à mesure.

Avez-vous écrit quelque chose d’amusant, de profond ou de provocant ?
C’est un élément important, parce qu’il s’agit de faire revenir vos fans sur votre page. Vous pouvez les attirer avec des choses qui les intéressent, et une fois que vous les avez captés, il faudra leur en donner plus. Pourquoi pas leur proposer de télécharger un titre, ou d’aller encore plus loin en passant à l’achat.
Par exemple si vous avez été choqué par le résultats des débats autour de la Prop 8 ou si vous avez vu un sketch marrant à la télé, vous pouvez parier qu’il en va de même pour votre fan base. Si vous êtes passionné, les gens vont se sentir concernés et interagir.

3. Faites appel à leurs émotions

Un post qui les fait rire, réfléchir ou qui provoque une quelconque émotion a beaucoup de chances de les amener à jeter un oeil à ce que vous pouvez proposer musicalement. Les posts qui ne font que promouvoir votre musique, ou qui font la promotion d’un concert en permanence feront plaisir à votre noyau dur de fans, mais ceux-là ont normalement déjà été captés et sont inscrits à votre mailing list. Le “cliqueur” occasionnel sur Facebook n’est pas encore aussi engagé. Les annonces génériques et ennuyeuses ressembleront vite à du spam à côté de ceux qui partagent des éléments qui les passionnent.

4. Amenez vos fans plus loin

Tout le monde a peur des mêmes choses, il s’agit là de thèmes universels. Les gens sont à la recherche d’un endroit où se sentir bien et en sécurité, un endroit rassurant où ils savent que tout va bien se passer.

D’une certaine manière, il faut qu’à travers votre musique et vos interactions avec vos fans, vous inspiriez des sentiments positifs. Etre positif, c’est leur montrer qu’il y a d’autres individus comme eux, qui partagent leurs opinions, ou qui comprennent les moments difficiles qu’ils traversent. Etre positif, c’est aussi les faire rire, ou parce qu’ils cherchent quelque chose de spirituel que vous leur apportez d’une manière ou d’une autre. Ou au contraire, peut-être en ont-ils marre de la religion et sont à la recherche de pensées athées auxquelles les réflexions que vous proposez correspondent.

Pour revenir sur le premier point évoqué dans cet article, Facebook est l’endroit où vous devez savoir ce que votre musique signifie pour les autres, et pas seulement pour vous. Ne vous inquiétez pas si les gens réagissent mal à ce que vous dites, cela signifie juste qu’ils n’avaient pas vraiment compris votre musique au départ. Vous n’en auriez jamais fait des fans. Mais pour toute personne qui vous quitte parce qu’elle ne se sentait rien de commun avec vous, vous en trouverez dix autres qui auront été convaincues parce qu’elles aiment ce que vous représentez.

Quelques réflexions, pour finir.

Votre musique est une extension de vous-même, et la meilleure musique se transmet parce qu’elle se change en conversation avec le fan. Plus ils comprennent et se sentent proches de ce que vous pensez et ressentez en dehors de la musique, plus leur “conversation” avec votre musique sera profonde.
Réfléchissez bien à ce que vous choisissez de dire et ne bombardez pas les gens de posts disant “achetez notre album !” Mettez-les à l’aise avec des éléments intellectuellement stimulants. Si vous réussissez à faire ça, vous êtes sur la bonne voie, celle qui fera croire à vos fans que vous “aimer”, c’est être intrinsèquement plus cool. Plus important encore, vous aurez mis en place avec succès l’un des outils marketing les plus puissants : le bouche à oreille.?

A faire / A ne pas faire

A ne pas faire : submerger vos fans de messages concernant votre dernière sortie (single, album…). Ils passeront pour du spam.

A faire : partager des infos qui peuvent intéresser votre fan base, mais qui ne concerne pas forcément votre musique. Par exemple, une actualité par laquelle vous vous sentez concerné. Proposez un commentaire concis. Les fans aiment se sentir liés à ce que vous aimez, d’autant plus s’il apprécient les mêmes choses.

A ne pas faire : laisser votre manager poster sur votre page. Il faut que le ton soit cohérent si vous postez vous-même.

A faire : demander à vos fans leur avis sur telle ou telle chose. Créez le débat, et n’ayez pas peur d’insérer un réponse ici ou là, sans trop en faire cependant. L’idée ce n’est pas, sur 23 commentaires, d’en avoir 20 de vous !

A ne pas faire : parler de vous sans arrêt, du fait que le monde va bientôt réaliser à quel point vous êtes génial, et à quel point il est dur de ne pas être reconnu pour votre art. Tout le monde s’en fiche, à part votre maman peut être (Quoique. Elle en a sûrement marre d’entendre ça !).

A faire : donnez votre avis. Si vous avez une opinion tranchée sur un sujet, donnez-la. Cependant, relisez bien votre post et assurez-vous que votre pensée est bien structurée. Et si vous êtes alcoolisé au moment de la rédaction, peut être vaut-il mieux attendre le lendemain matin avant de poster !

Article initialement publié sur : Music Think Tank et traduit par Loïc Dumoulin-Richet

Retrouvez le blog de Robin Davey

Crédits photos CC flickr : escapedtowisconsin; Andrea Costa Photography, vincos

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Classification périodique des fans http://owni.fr/2010/11/05/classification-periodique-des-fans/ http://owni.fr/2010/11/05/classification-periodique-des-fans/#comments Fri, 05 Nov 2010 15:23:44 +0000 Jonathan Ostrow http://owni.fr/?p=27778 Jonathan Ostrow (@miccontrol) est le co-fondateur du réseau de blogs musicaux MicControl, qui se base sur une plateforme de réseau social. Il publie en outre régulièrement sur le site Music Think Thank.

Tout le monde sait que construire et entretenir une fan base est l’un des objectifs principaux (si ce n’est le plus important) de tout artiste en développement qui compte sur sa musique pour développer une carrière durable.
Mais pour s’assurer que vos efforts ne sont pas vains et que votre communauté de fans grandit comme il se doit, il vous faut comprendre que tous les fans ne sont pas les mêmes.

Les “fans” : une unité de mesure du degré d’intérêt d’un individu pour votre musique.

Alors que chacun se targue d’être un ENORME fan, la réalité s’avère légèrement différente : votre fan base va des auditeurs moyennement engagés aux “superfans” extrêmes.
Bien que construire une véritable relation de valeur avec ses fans soit important, cela prend beaucoup de temps en particulier à partir du moment où votre base de fans commence à grossir. Il est donc crucial que vous sachiez quel est le degré de dévouement de vos fans afin que lorsque vous investirez de plus en plus de temps dans l’établissement et la consolidation de votre relation avec eux, vous continuiez à constater un retour bénéfique en termes d’influence on et off line, de suivi et de ventes (de musique et de places de concerts).

Le bon pote

Soyons clairs sur un point : un ami peut sans problème devenir un fan mais en aucun cas il n’en est un de manière implicite.
Lorsqu’un artiste débute dans la musique, les amis sont le premier soutien : on compte sur leur avis, sur leur présence aux premiers concerts, sur leur capacité à prêcher la bonne parole, etc. Dans la plupart ds cas, les amis sont ravis de faire tout ça. Mais au bout du compte, ces gens vous soutiennent VOUS, car vous êtres un ami ; ils ne soutiennent pas forcément votre musique comme un vrai fan.

Le fan-qui-prend-le-train-en-marche

Ce fan est celui qui rejoint la fan base parce que c’est à la mode de le faire. Souvent, il parle plus que tous les autres, car un certain nombre d’entre eux se sent obligé de prouver qu’ils sont à leur place. Même si cela a l’air cool comme ça, ce fan-là est au final moins intéressé par vous et votre musique que par les autres fans et le sentiment d’appartenir à une sorte de communauté. Il s’agit d’un admirateur “à court-terme” qui apportera peu de valeur ajoutée à votre fan base et qui malheureusement disparaîtra aussi vite qu’ils est arrivé.

L’auditeur de base

Ce sont des fans passifs qui vont aimer votre musique et même la partager et la poster sur leurs blogs. Mais en fin de compte, ils ne feront pas le nécessaire pour écouter vos sons par eux-mêmes. Ne vous trompez pas sur ce type de fans, cela dit. L’auditeur est en effet le plus bas niveau de fan pour lequel vous devez faire preuve de bonne volonté. Avec un peu d’efforts l’auditeur a toutes les chances de devenir un flâneur.

Le flâneur

Au contraire de l’auditeur, le fan flâneur recherche activement de la nouvelle musique de groupes émergeant ou établis. Ce sont des personnes qui sont tombées par hasard sur une chanson qu’ils ont aimée et ont décidé d’en savoir un peu plus sur le groupe. Ceci dit, dans la plupart des cas cette recherche a pour seul but de trouver un site pour écouter ou télécharger de la musique gratuitement.
S’ils ne veulent pas acheter de musique, c’est parce que ces fans ne sont pas encore sûrs d’avoir vraiment besoin de “vivre” la musique sur le long terme…
La plupart des fans appartient à cette catégorie, ce qui est malheureusement la raison pour laquelle les ventes de musique baissent d’année en année.

Le dévoué

Le fan dévoué est celui qui achète toute la musique et va voir l’artiste / le groupe dès qu’il joue dans sa ville. Celui-là va échanger de manière régulière avec les artistes, via les médias sociaux et va s’inscrire à la mailing list officielle afin de rester informé au mieux de toutes les informations.
C’est le fan sur lequel on peut compter pour lire les articles de blogs, les vidéos youtube et les tweets, et même les partager. C’est typiquement le genre de fan tout entier dévoué à votre cause, mais également à celle d’autres artistes aussi, et cela va se voir à ses statuts Facebook ou Twitter. En d’autres termes ce fan a une grande valeur et vous devez prendre du temps pour créer une vraie relation, celui-ci étant capable de convertir ses amis et ainsi à vous faire gagner de nouveaux fans !

Le Superfan

Le Superfan, c’est la poule aux oeufs d’or. Ce type de fan, c’est le genre à vous faire décoller une carrière. Le Superfan va acheter un album, et le racheter lorsqu’il sera réédité. Un Superfan ne va pas se contenter d’un concert, il va en faire autant que possible. Un Superfan va bien au-delà d’un fan dévoué : il a réussi à établir un lien tellement fort avec la musique qu’elle devient un morceau de lui–même.
Le Superfan est fan jusque dans la rue : ils est le meilleur candidat pour vos street teams et l’un des membre les plus engagés de la communauté. Si vous vous retrouvez face à un Superfan qui vous suit religieusement, faites tout ce que vous pouvez pour le valoriser pour qu’il continue à construire votre fanbase pour vous. C’est à ce type de fans là que vous devez donner de la musique en exclusivité, des vidéos inédites, des accès backstage, etc. car il sera à même de répercuter tout la valeur que vous leur accorderez à la fanbase toute entière.

Aucun fan ne peut être réduit à une seule catégorie. En identifiant correctement le type de valeur que vos fans recherchent, vous pouvez continuer à forger de vraies relations avec les dévoués et les Superfans, tout en étant capable de rester en lien avec les auditeurs et les flâneurs dans l’espoir de les fidéliser un peu plus.

Article initialement publié sur MicControl le 21/09/10 et traduit par Loïc Dumoulin-Richet.

Crédits photos : FlickR CC derpunk, @collentine, Alain Bachellier

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A force de se préoccuper de vendre la musique, on en oublie l’Art http://owni.fr/2010/08/02/a-force-de-se-preoccuper-de-vendre-la-musique-on-en-oublie-art/ http://owni.fr/2010/08/02/a-force-de-se-preoccuper-de-vendre-la-musique-on-en-oublie-art/#comments Mon, 02 Aug 2010 12:48:15 +0000 Rich Huxley http://owni.fr/?p=23616 Rich Huxley est membre du groupe de musique indé “Hope and Social”, producteur, et un des fondateurs d’Alamo music, le premier label anglais collaboratif qui appartient aux fans.

Le débat constant sur le besoin de monétiser la musique est assez déroutant pour moi. Ce n’est pas parce que l’on fait de l’art que l’on mérite de gagner de l’argent avec.

L’art pour l’amour de l’art

Art —nom

1 . La qualité, de production, d’expression ou d’un domaine spécifique selon les principes esthétiques de ce qui est beau, séduisant, ou qui sort de l’ordinaire. (Dictionary.com)

Relisez cette phrase encore une fois : « …ce qui est beau, séduisant, ou qui sort de l’ordinaire ». C’est ce qui devrait être à la fois la motivation et la récompense des musiciens, de faire quelque chose de beau et d’original.

Les chefs d’œuvres sont rarement produits dans le but unique de faire de l’argent. (je suis sûr que beaucoup argumenteront que les deux s’excluent mutuellement).

Pourquoi Bowie a fait « Changes » ? Pourquoi Lennon et McCartney ont écrit « A Day in the Life » ? Pour moi, si l’on veut faire de l’argent, il faut devenir expert comptable. Si l’on veut faire de l’art et de la musique, alors il faut continuer d’en faire. Créer n’est pas un préalable pour gagner de l’argent (fabriquer un marteau ne signifie pas que quelqu’un devra, de droit, acheter ce marteau).

Tu fais et joues de la musique ? Quelles sont les raisons pour lesquelles tu as commencé à jouer ? Pourquoi as tu rejoins un groupe ou joué pour la première fois devant un public ? Souviens-toi, quelle était ta motivation !

Dans mon cas, je me rappelle avoir vu mon père jouer du rock’n roll devant des amis et des inconnus, pendant des parties de déboire à guichet fermé en dehors des horaires d’ouverture des bars. Il jouait pour le plaisir des autres, gratuitement. Sa récompense était les visages illuminés et le sourire des gens qui partageaient ce moment. Il est, par essence un Fun-Pusher (donneur de plaisir).
C’est pourquoi je suis fier de dire « je fais partie de Hope and Social  et je vends du plaisir. Bien que ce ne soit pas le produit le plus cool ou le plus trendy (ce n’est pas du sexe, ni quelquechose de matériel, ni la plus belle coupe de cheveux, ou le jean le plus slim), c’est tout de même une monnaie à part entière.

Nous avons notre propre identité, notre propre concept, ça engage des fans et des nouveaux amis, et ça nous suit à chaque concert. Nous créons une expérience et à chaque nouveau concert il se passe un truc différent. En plus, contrairement à un CD/enregistrement/mp3 ce n’est pas copiable, on ne peut le mettre sur aucun support matériel.

Have fun make art

Pourquoi nous ne méritons pas de gagner de l’argent avec la musique

Tout d’abord, l’art que tu fais n’est pas nécessairement du goût de tout le monde : putain, ça peut même être de la merde ! En outre, les gens peuvent ne pas te donner de l’argent, à toi spécifiquement. Ils peuvent faire leur choix non pas en fonction de la qualité de ta musique ou de ton merchandising, mais du montant qu’ils veulent bien t’accorder.

Il y a un tas de raisons très variées qui expliquent pourquoi les gens choisissent de ne pas acheter tes produits. Ce que l’on peut néanmoins faire, c’est leur donner des bonnes raisons d’acheter.
Bien que je ne pense pas que n’importe qui mérite, par principe, de gagner de l’argent en faisant de la musique, je crois fortement que les artistes méritent l’opportunité d’avoir les moyens de créer, dans l’espoir qu’un jour cela leur devienne profitable.

Il s’agit aussi en partie de minimiser les dépenses : s’assurer que ce n’est pas l’artiste qui paye de sa poche pour, par exemple, organiser un concert ou presser ses cds.

Il faut profiter des médias web, de la distribution numérique et des nouveaux moyens offerts par internet pour entrer en contact avec votre public. C’est la raison pour laquelle je pousse sans arrêt les artistes à vendre leur musique sur les plateformes Pay What You Want (Prix libre), et dans une moindre mesure en Cds si ils ont le budget pour cela.

Le Pay What You Want donne la possibilité non seulement de payer ce que l’on veut mais aussi de donner à qui l’on veut. C’est avec cette idée présente à l’esprit que les musiciens doivent désormais continuer, avec le désir de faire de l’art, de créer des belles choses et d’amener les gens à vouloir partager leur argent avec vous.

piano bar

Alors pourquoi faire de la musique ? Pourquoi faire de l’art ?

La musique est d’une force si puissante et attrayante que les non-musiciens cherchent aussi à y travailler. Les attachés de presse par exemple, vont souvent travailler pour un salaire bien moindre que dans un autre secteur, mais vont y trouver beaucoup plus d’épanouissement. C’est la même chose pour un musicien, mais dans des proportions encore plus grande.
Je me rappelle quand j’ai commencé à écrire de la musique, c’était mon espoir qu’un jour quelqu’un viendrait me dire qu’une de mes créations l’a touché de la même manière que la musique m’a touché moi. Si quelqu’un te dit que ta musique est celle qui le motive avant de partir en soirée, que ça l’a aidé à dépasser un moment difficile, ou encore l’a inspiré artistiquement, alors voilà ta rémunération en tant que musicien. A mon sens, c’est cela qui devrait être la motivation principale pour commencer une carrière dans la musique, ce qui devrait pousser à écrire, répéter, jouer en live.

A travers la distribution en pay what you want, les concerts, le fait de donner du plaisir aux autres, comme j’ai pu voir mon père le faire gratuitement pendant 20 ans, je fais maintenant partie du groupe avec lequel j’ai toujours rêvé d’être.

Hope and Social est devenu au fil du temps un groupe de scène. Un peu comme un E-Street du Yorkshire, nous proposons un spectacle, un événement. Nous ne proposons certainement pas qu’un concert (bien que si c’était le cas, ce serait un putain de concert !). Ce que nous faisons est financièrement viable, et parfois il y a même un extra pour nous tous, mais au delà de ça, pouvoir faire de la musique est la récompense en elle-même.

Qui plus est, en saisissant les nouvelles opportunités qu’offre internet pour rentrer en contact et partager avec son public, nous sommes arrivés aujourd’hui à un point où nous sommes bien plus rentables qu’à l’époque où nous investissions dans la pub, la communication ou la distribution. Rentabilité d’abord, bénéfices ensuite.

Au delà du fait de profiter des nouvelles opportunités qui s’offrent à nous aujourd’hui, il est tout aussi important de ne pas perdre de temps et de l’énergie à se plaindre sur le fait que tout le monde télécharge gratuitement la musique, et de commencer à donner aux gens des putains de bonnes raisons de vous donner de l’argent.

This article was written by Rich Huxley for Creative Deconstruction – a place for music entrepreneurs.
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Traduction : Miruna Mitranescu

Crédits Photo CC Flickr : pictour_thismatthileo,

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How to ruin your career on Twitter: 20 easy tips http://owni.fr/2010/05/12/how-to-ruin-your-career-on-twitter-20-easy-tips/ http://owni.fr/2010/05/12/how-to-ruin-your-career-on-twitter-20-easy-tips/#comments Wed, 12 May 2010 15:55:20 +0000 Olivier Ravard http://owni.fr/?p=15422 Quand on aime, on ne compte pas. Pire: parfois, on traduit. Cet article de MrOlivier (sur Twitter) nous délivre une formidable leçon de personal branding.

L’original (en français, donc) est disponible par ici.


Your opinion leader friends, if you have any, keep saying it at every single social occasion: Twitter is THE place to be.

No wonder, just take a look at this chart:

For those of you who were asleep in the past 18 months, Twitter is a microblogging service that enables you to send 140-character messages to your “followers”. This term designates the people who chose to listen to whatever it is you have to say.

If you publish quality content, you’ll surely be noticed by a great number of people. Your followers’ count will grow in less time than it takes to tweet “Myspace has become a nice piece of shit”, since you’ll get loads of retweets (i.e. relays) in less time than it takes to say “Is it just me or is Jason Mraz really boring?”

If you don’t get the previous paragraph, I’d suggest you go to this nice webpage that will explain everything in details.

Allright.

Attention: Now, this article is for everyone.


If you aren’t everyone, you could read something else, like the hilarious french Babillages.net (“le blog des beauty addicts”).


Twitter turns out to be a formidable communication tool, blah blah blah, since everything there is fast, short and essentially viral.

Twitter turns out to be a formidable weapon of self destruction, since everything there is fast, short and essentially viral.

How can you ruin your career in a few weeks with Twitter?

Very easy.

In order to exemplify the arguments of this otherwise very serious article, let’s take the emoboring band I Hate Fucking Mondays as an example (copyright Thomas VDB). That’s a 5-year-old fictional band with a solid fan base gained through many concerts, gallons of sweat, interviews and all that.

The band I Hate Fucking Mondays has decided to open a Twitter account.

From the start, thanks to its solid fan base and for the needs of the example, our fictional band already has 500 followers.

Quite good but not so great.

Now, let’s look at how the band I Hate Fucking Mondays dealt a fatal blow to its own career through unwise Twitter choices.

COMPLETE BEGINNER LEVEL: BE UNINTERESTING

1. Choose a challenging username

The band I Hate Fucking Mondays chose ihatfuckmondays.

The result: The Twitter account of the band I Hate Fucking Mondays is available at http://twitter.com/ihatfuckmondays

Notice how hard it is for a normal human being to remember this name, to type it without any mistake and, first and foremost, to tell it to his friends.

It’s a very good way to succeed in failing your start on Twitter.

Choose the longest possible username.

We’ll see how this choice will bring about more funny usage troubles.

2. Use Twitter’s default avatar

Using this technique is dead easy. Twitter allows you to upload an image or a photo so you can create a visual identity that’s immediately recognizable, so as to reinforce your personal brand. Don’t do it! Choose the default Twitter icon instead (a stylized bird on a color background), it will help you to remain absolutely anonymous.

3. Personalize your Twitter page

Even though many clients are available on all platforms, numerous people still access twitter via the web. For them, Twitter allows you to customize your page (colors, background image). Use this opportunity to kill readability and upload this horrendous JPEG image you like so much, preciously ugly and misfit for the job.

Now you’re sure to make a bad first impression.

4. Oversized tweets

A classic. It just can’t fail. A tweet longer than 140 characters will give your followers the opportunity to silently insult you. If you manage to put the important bits of information at the end of the tweet, you make maximal impact.

5. Help no one

You follow at least a few hundred Twitter accounts. These are people you are relatively interested in. Twitter being a social network, it’s normal that these people will ask questions, look for ideas and solutions.

You have the answer?

Don’t start a conversation giving it. Keep your answer for yourself.

Each answer you keep is a ruined opportunity to make contact.

It’s a very good way to remain anonymous and to arouse interest from yourself only.

6. Never share anything interesting

Thanks to Twitter, you can share pieces of news, links, images and other type of data that could be of interest for your network of followers. Keep all that for yourself.

On the other hand, let’s not forget that you can share insignificant information concerning YOU:

7. Never contribute to a conversation in an interesting way

You’ll see conversations building up between Twitterers you follow. If you selected them wisely. These conversations will be of interest to you. You’ll even have an opinion or a bit of information you could bring in, allowing for the debate to go further.

Don’t say anything.

People might get interested in your Twitter activity.

On the other hand, don’t hesitate to pinch in deep debates in order to bring your 2 cents to people who would gladly ignore them. You’ll look like a real ignoranus in no time:

8. Don’t EVER EVER retweet

The most important technique.

Retweet (one of your followers liked your message and tweets it further) allows for you to gain in visibility and attract interest from new followers.

In order to really stagnate, it’s necessary to avoid it at any cost.

Your oversized username already limits the very desire to think about retweeting, for it’s more complicated to relay the entirety of your messages. Nevertheless, if you want to be sure to NEVER get retweeted, take care when applying techniques 4, 6 and 7.

MEDIUM LEVEL: LOOSING FOLLOWERS

9. Be unintelligible

It’s simple, short and makes no sense.

Nobody knows JP.

And those who know him won’t be sure you’re talking about THIS JP in particular anyway.

Nobody knows what’s going to please him, let alone why. That’s a message none of your

followers will be able to understand: A matchless technique to fill your network’s timeline with noise. That’ll probably piss them off enough for you to loose them.

Don’t hesitate to share more of these!

Any theme is fair game. The only important thing is that no one shall understand what you’re talking about.

10. Useless tweets

Talk about nothing, or not much. Don’t share anything essential and focus on topics that only you are interested in.

For example:

Useless tweeting has absolutely no purpose, of course. As a rule of thumb, if a message is boring even for you: share it!

With time, you’re guaranteed to lose a good chunk of your followers, who couldn’t care less about your daily life.

11. The delayed tweet

Twitter is fast. Very fast. Too fast for you?

Very good.

Tweet about overused topics. Give your opinion on last week’s news. Ask dated questions. You’ll bore all your followers, who will silently be embarrassed before they stop following you.

12. The stupid tweet

Asking stupid questions on the fly is a very good way to look like an idiot. The stupid tweet allows you to do just that in less than 140 signs (and to lose a few appalled followers in the process).

In the very unlikely case where someone does answer one of your stupid tweets, don’t thank your benefactor. If you’re lucky, he’ll point it out.

Moronic statements are also a good way to look stupid.

Select examples:

13. The automated tweet

There’s something magical in the fact that you can connect your Twitter account with any application going from useless to privacy-invasive. They’ll tweet for you, at a sometimes frenzied rate.

The list could get long, but I’ll quote only the most used ones:

- Foursquare: It’ll make you look tiresome as it displays all the places you get into. Painstakingly boring if used intensely.

- Last.fm: Thanks to last.fm, you can find anything you listened to. Well-configured, your last.fm account will show the whole of your followers what you listen to in real time, your favorites, your weekly Top3, etc. If you intensely use the service, you’ll occupy the whole timeline to share your musical experiences. And most of us, frankly, couldn’t care less.

- Facebook: You can easily automate your Facebook statuses through Twitter. All your tweets become statuses. You can also do the reverse: each new Facebook status becomes a tweet. Such a configuration will help you share totally irrelevant bits of information.

Example of an automated Facebook update on Twitter:

Even better:

If you’re good enough, you can easily create a permanent loop between your tweets and your Facebook updates. Each one will mutually publish the other.

Not only is it unbearable, but it will block your Twitter account as it becomes overactive.

A great victory.

14. Never answer the public messages sent to you

On Twitter, you can converse in public. In this case, looking like a douche is amazingly easy. You simply have to not answer.

For example:

At this point, don’t answer ANYTHING. 100% certain it’ll work. In a few hours, your image in the eyes of the person talking to you will go from ‘nice band’ to ‘pesky boneheaded bot’.

Even better, you could get this:

You’ve just lost a follower AND a potential fan (and a few appalled followers). But Twitter’s power, thanks to the miracle of the retweet and CC’ing will enable you to optimize the negative outcome of your action:

ADVANCED LEVEL: TAKING CARE OF A LOUSY REPUTATION

Pay attention: for optimal results, these techniques should be applied if your followers’ count hasn’t fallen with techniques 1 to 14. The impact will only be stronger.

At the height of your tweeting activity and in a few simple steps, you can manage to get a pretty lousy reputation in less than 12 hours.

15. The overly promotional tweet

Twitter is a social, hence horizontal medium? Use it vertically. You’ll see it quickly for yourself: it’s as efficient as getting a nail through a marshmallow.

THE secret trick: excessive self-promotion.

A formidable technique, the efficiency of which has been proven many times: Talk only about yourself.

Always. At a sustained rhythm. Your followers will leave you in less time than it takes to write “I’ll be on tour on the 12th at…”

Excessive self-promotion is at its best when it’s your only form of tweeting. Don’t get ahead of yourself with fruitless discussions, useful links and other socially acceptable tweets. Talk only about yourself. Be a bitch.

Again and again.

Yeah, just like that.

Don’t be shy : repeat the same message over and over again. A simple copy/paste is the perfect tool for the job.

Share these messages at least 10 times a day.

Interesting variant: point your twams (portmanteau for tweet + spam) to untargeted prospects who haven’t asked anything. 100% guaranteed antipathy. Using imperative phrases is even better.

Send the same message to 100 Twitter accounts)(minimum)

16. The aggressive tweet

Simple example:

You’re certain to piss off the close network of the person you’re talking to in less than 140 characters.

Another good option, more radical: Insult the whole of your followers (preferably at a time of maximum affluence: 3 or 4 pm on a weekday)

17. Plunder the tweets of opinion leaders

It’s easy, you just have to copy/paste interesting, thoroughly researched tweets and publish them as your own, WITHOUT quoting your source.

You’ll very quickly (less than 3 hours) be frowned upon as a reckless plunderer (what you’ll be, by the way). The feedback will be quick to come, either from the plundered herself or from one of her many followers.

Of course, the plundered person underlines the matter further, if need be:

18. Publish a private message

Twitter isn’t only a great public forum. It’s also a classical instant messaging service. The Direct Message allows you to talk discreetly. That’s handy.

It’s a great opportunity to strike a big blow to your followers.

Answer a – very – private message with a public one. It’ll be appreciated:

Even better, answer a – very – private message with a public one and manage for lots of opinion leaders to hate you (aim at those with more than 1000 followers):

You’ve just launched a baaaaaad buzz.

On the matter, read the funny experience of David A., a famous french journalist with more than 5000 followers.

It’ here: “How I fought over my private life on Twitter”.

19. Making a fool of yourself

Just like I Hate Fucking Mondays, you’re very confident in your immense talent. Maybe you’re wrong and some more work would do you good. Now, thanks to Twitter, you can post a direct link on this controversial movie clip you’re so proud of.

Awesome: You’ve just shot yourself a Scud in the foot. In less than 2 hours, you’ll see yourself reaching the trending topics (what people talk about) thanks to serial retweets overtly making a fool of yourself.

Don’t laugh, it happens every day.

You’ve reached the other side of bad buzz. You’re becoming a running gag.

That should be enough to burry your career once and for all.

20. Shamelessly try to bribe opinion leaders

The most lethal weapon: Go for the large Twitter accounts with more than 2k followers. Now you’re playing with the big boys, you’ll have to be ready.

The technique is a simple one: A sorry attempt at public corruption (some music companies try it behind closed doors, what a poor strategy) that will bounce back in your head in less than an hour.

Of course, this attempt will be seen by everyone…

You certainly have a lot of other tricks to commit suicide on this amazing social tool, Twitter. Nevertheless, let’s bet that the implementation of this advice will allow you to sink in the depths of the unknown in a record time. Or, better, to remain in your network’s memories for a long time as a mean buffoon.

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http://owni.fr/2010/05/12/how-to-ruin-your-career-on-twitter-20-easy-tips/feed/ 0
Oui, on peut encore gagner de l’argent avec sa musique http://owni.fr/2010/05/06/oui-on-peut-encore-gagner-de-l%e2%80%99argent-avec-sa-musique/ http://owni.fr/2010/05/06/oui-on-peut-encore-gagner-de-l%e2%80%99argent-avec-sa-musique/#comments Thu, 06 May 2010 10:38:33 +0000 Virginie Berger http://owni.fr/?p=14574 Ancienne directrice marketing de MySpace, Virgine Berger anime le blog Don’t Believe The Hype. Dans cet article, elle fait la liste de l’ensemble des stratégies gagnantes pour les artistes à l’heure du web social. En effet, de nombreux artistes, connus ou pas, choisissent d’utiliser Internet afin de se connecter à leurs fans, ce qui permet d’augmenter leurs revenus. Une façon de revitaliser une industrie du disque moribonde.

Retrouvez Virginie Berger sur Twitter

Oui, on peut encore gagner de l’argent avec sa musique…

….mais différemment.

2,5% de la production musicale représente 70% de la diffusion radio…Et l’an passé, 90 % des revenus des ventes en ligne sont allés à seulement 10 % des groupes. Il devient de plus en plus dur de développer et exposer de nouveaux talents, or c’est là que tout reste à faire.

On entend souvent l’expression “S’adapter ou mourir” concernant les maisons de disques. Je suis d’ailleurs la première à l’utiliser…

Ça peut sembler exagéré, menaçant… mais pour l’industrie musicale, il s’agit des deux seules alternatives. Et elles n’ont jamais semblé aussi réelles. Dans les prochains mois, EMI pourrait très bien disparaître. Et toutes les grandes maisons de disques se jettent à corps perdu dans des batailles perdues d’avance.

Alors que leur principal concurrent est la gratuité, elles ne se focalisent que sur l’éradication du partage de fichiers illégaux alors qu’elles devraient rentrer en concurrence frontale avec le gratuit et proposer des produits à forte valeur ajouté.

Imaginons que les maisons de disques aient compris cela il y a 10 ans au lieu de faire de la lutte contre le téléchargement illégal le cœur de leur business model. Nous aurions des fichiers DRM Free et un Itunes interopérable depuis des années…

S’adapter ou mourir donc…

Mais il reste de nombreux et différents leviers de monétisation (voir mon article sur http://digitalmusic.tumblr.com/post/330391306/quels-sont-tous-les-canaux-de-revenus-potentiels-pour) et de nouveaux business modèles émergents, permettant aux artistes (comme aux labels) de pouvoir vivre de la musique.

Le marketing direct to fans – ensemble d’actions marketing se concentrant principalement sur la monétisation de la relation artiste et fan – est en plein développement. Ce business model ne dépend plus uniquement de l’air play radio ou les diffusions de clips en TV. Il dépend principalement de la relation entretenue entre les artistes et leurs fans.

Mike Masnick (rédacteur en chef de Techdirt) l’a très bien théorisé avec cette formule :

Connecting with Fans (CwF) + Providing a Reason to Buy (RtB) = $$$

En résumé, trouvez vos (vrais) fans, fidélisez les, donnez leur une raison d’acheter et à cette condition vous gagnerez de l’argent.

De nombreux artistes, maintreams ou indépendants ont radicalement changé de modèle marketing pour utiliser principalement le marketing direct to fan avec succès. Parmi les plus connus, citons les exemples de Nine Inch Nails, Radiohead, Imogen Heap, Amanda Palmer, David Byrne, les Beastie Boys, Weezer, Jonah Matranga, Exsonvaldes ou Cyril Paulus pour la Franc e…

Cela peut sembler assez facile: l’artiste entre en contact avec ses fans, leur donne une raison d’acheter et monétise. Mais comment savoir qui sont ses fans? Comment rentrer en contact avec eux?

Comment attirer leur attention quand il y a à peu près 6 millions d’artistes sur MySpace? Cela peut paraître simple pour NIN et Radiohead, qui ont bénéficié du soutien de leurs labels pendant des années, et qui possédaient un public déjà très important lorsqu’ils ont décidé de quitter leurs labels respectifs. Alors comment un artiste en développement, seul, peut émerger, attirer l’attention et gagner de l’argent?

Est-ce que le marketing direct to fan n’est pas mieux adapté aux artistes établis ou réfugiés des majors ?

En fait, cela est très simple si vous comprenez bien l’essentiel de ce modèle.

Le cas Trent Reznor

Trent Reznor, l’homme derrière le groupe Nine Inch Nails, a fait de très nombreuses expériences qui démontrent bien comment fonctionne ce modèle. Il en est même devenu le véritable précurseur et chef de file.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Reznor a toujours fait en sorte d’être proche de ses fans et a créé un des meilleurs sites d’artiste, avec forums, chat rooms et de nombreuses possibilités d’interaction. Il encourage également les fans a réellement interagir les uns avec les autres.

Alors que Warner Music a bloqué tous les clips de ses artistes sur Youtube pendant des mois, Reznor regroupe sur la home page de son site web toutes les vidéos prises par ses fans lors de ses concerts (il encourage ses fans à prendre photos et vidéos). Il a même créé une application Iphone gratuite qui permet à ses fans de se retrouver, de communiquer les uns avec les autres, et de partager photos et vidéos.

Tout le propos de Reznor est de bien comprendre comment attirer et se connecter avec ses fans et de les aider à mieux se connecter les uns aux autres, comme s’ils faisaient partie d’un club.

Et à partir de là, on a toutes les raisons d’acheter (Rtb=Reason to buy). Et Trent Reznor donne toutes les raisons d’acheter. Récemment, il a décidé de mettre en ligne gratuitement tout ce qu’il enregistrait. En effet, sachant que sa musique sera de toute façon sur les sites de partage de fichier, il ne voit aucune raison de perdre son temps à combattre cet état de fait.

Par contre, il ajoute à sa musique tellement d’options que les gens ont de toute façon envie de l’acheter. Lors de la sortie de son album Ghosts I-IV, il a mis en ligne tous les titres sous une licence Creative Commons permettant à tout le monde de les partager en ligne gratuitement.

Mais il a également mis en place des “raisons d’acheter” très simples. Vous pouviez acheter le CD 2 disques pour 10 $. Vous pouvez également acheter le Deluxe Edition pour 75 $ (coffret, CD, DVD, Blu-ray et un album photo).

Il a également mis en vente 2500 exemplaires d’un coffret Ultra Deluxe limited Edition à 300 $. Avec le coffret, vous aviez CD, DVD, Blu Ray, Vinyls de haute qualité et album de photos très rares sur une impression haute qualité. Mais, le plus intéressant est que Reznor a signé lui-même tous les coffrets. De sa main.

Au final, il a vendu en moins de 30 heures les 2.500 coffrets pour un total de 750.000 $.

Si l’on regarde de près les chiffres de Reznor, on s’aperçoit qu’il donne sa musique, soit, mais que cela ne signifie pas qu’elle est gratuite.

En étant toujours au plus près de ses fans, il leur a donné une raison d’acheter. Et c’est ce qu’ils ont fait !

Dans la seule première semaine de sortie de son album, Trent Reznor a engrangé 1,6 million de dollars.

L’idée que l’on ne peut pas rivaliser avec le gratuit ou que le gratuit signifie qu’il n’y a pas de business model est un mythe. Quand la musique devient gratuite, cela ouvre de nouvelles opportunités pour des business modèles efficaces.

Le dernier album de Reznor, « The Slip », sorti il y a quelques mois, était également gratuit. Mais il est sorti le jour même de l’annonce de la tournée de la prochaine tournée de Nine Inch Nails. Ce que Trent Reznor demandait ? De lui laisser une adresse email si vous téléchargiez son album. Dès que vous aviez donné votre email, vous pouviez ensuite télécharger ses titres, en format FLAC (meilleur que le simple MP3).

Mais comme vous aviez laissé votre adresse email, vous avez donc reçu un email vous informant de la tournée, dans votre ville ou pas loin… et les tickets sont partis à toute vitesse.

La musique gratuite n’a pas nui à la capacité de Reznor à gagner de l’argent. Elle l’a même renforcée.

Alors oui me direz-vous mais Reznor n’est vraiment pas représentatif. Car après tout, sa fanbase, il l’a construite alors qu’il était encore signé sur un label. Et c’est ce « vieux modèle » qui lui a permis de sortir des albums, d’en faire la promotion, de construire sa fanbase et devenir une star du rock.

Alors même si on peut ergoter sur la conséquence réelle de sa signature dans un label dans la réussite actuelle de Reznor, il est intéressant d’étudier comment ce modèle marche pour de nombreux artistes, très différents, des superstars aux artistes en développement.

John Freese: une stratégie radicale

Josh Freese est un batteur, qui apparaît sur plus de 100 albums et se produit avec de nombreux groupes. Il a joué avec Nine Inch Nails, Guns N’Roses, Sting, Devo, The Vandals, The Offspring. Pourtant, en dehors des cercles spécialisés, il n’est pas vraiment connu. Quand il sort son deuxième album solo, Since 1972 , en mars 2009, il décide de mettre en place un système similaire à ce qu’avait fait Reznor sur Ghosts I-IV mais adapté à sa propre personnalité – En résumé, un peu extrême…

Il y avait donc la possibilité d’acheter la musique et les CD pour vraiment pas cher. Mais pour 50 $, John Freese vous appelait directement et vous pouviez lui parler 5 minutes, en lui posant toutes les questions que vous vouliez sur lui ou ses amis. Pour 250 $ vous pouviez déjeuner avec lui et pour 500 $ vous déjeuniez dans un restaurant très haut de gamme. Les déjeuners se sont vendus en une semaine environ.

À 2.500 $ (dans la limite de 5 packages), il vous donne une leçon de batterie (et vous pouvez garder une de ses caisses claires). Vous pourrez également visiter le musée de cire de Hollywood avec Freese et un de ses amis rockstar (à choisir dans une liste). Et puis vous pourrez aussi choisir 3 vêtements dans sa garde robe et les garder.

A 10,000 $, vous dinerez avec Freese et un de ses amis rockstar, avant d’aller à Disneyland toujours avec Freese. Et à la fin de la soirée, vous garderez la Volvo break de Josh – après l’avoir déposé chez lui. Evidemment, il n’y avait qu’un seul package de disponible.

Il y avait aussi des packages à 20.000 $ et à 75.000 $ avec des offres comme avoir Freese comme batteur dans votre groupe ou l’avoir comme assistant personnel pendant quelques semaines. Vous pouvez aussi partir en tournée avec lui. Il pourra même écrire et enregistrer une chanson sur vous. Un adolescent de Floride avait acheté l’option à 20.000 dollars, et a passé une semaine avec Freese, dont une nuit sur le Queen Mary, une soirée pizza chez et avec Mark Mothersbaugh (de Devo) et un mini-golf avec le chanteur de Tool.

C’est quoi être un artiste maintenant?

Alors là, on me dira, oui, mais est-ce qu’un artiste doit faire ça, ce n’est vraiment pas son métier… Oui mais d’abord, c’est quoi être un artiste maintenant? ne doit-il pas se poser la question constamment de comment monétiser, de comment se rendre visible, aller chercher du public..Et puis enfin, personne n’a obligé Freese à quoi que ce soit. Il a composé ses packages et s’est amusé tout seul. Et il ne conseille à personne de le faire. ET je ne le conseille pas non plus, ce qu’a fait Freese est plutôt radical.

Mais en se faisant connaître, en créant sa base fans, en leur donnant quelque chose qui avait réellement de la valeur (et qui lui plaisait), il a crée un business model qui a marché.

Bon, alors oui, d‘accord me dira t’on, mais Freese est un produit de la vieille industrie, il a des amis rock stars, ce n’est pas juste…

Jill Sobule: être proche de ses fans pour financer son album

Parlons alors de Jill Sobule, qui avait produit un hit en 1995 avec “I Kissed A Girl” (non non pas celui de Katy Perry). Depuis, elle a été virée par 2 majors puis 2 labels indépendants. Elle a donc décidé de faire appel à ses fans pour financer son nouvel album. Elle était déjà proche d’eux via Facebook, en lançant des concours tous les jours, en chattant, répondant aux questions…

Elle a donc lancé son site web «Jill’s Next Record» en offrant, comme Reznor et Freese de nombreux packages pour inciter ses fans à financer son album. En payant 200 $, ils avaient par exemple un accès gratuit à tous ses concerts. Ils pouvaient même avoir leur propre chanson de remerciement. Pour 5000 $, elle fait un concert chez vous, et n’a aucun problème à ce que vous fassiez payer l’entrée. Elle a fait environ 6 concerts. Pour 10,000$, vous pourrez chanter sur l’album. En fait, au départ, elle avait proposé ce package comme une blague, mais une femme au Royaume-Uni l’a acheté. Jill l’a donc fait venir à Los Angeles pour lui faire faire les chœurs sur son album.

Son objectif était de recueillir 75,000$, sans avoir aucune idée de ce qu’elle pourrait récupérer. Au final, elle a levé 80.000$ en 53 jours. Grâce à ça, elle est rentrée en studio, elle a enregistré son album et a pu embaucher un producteur.

Encore une fois, là vous pourrez me dire « oui, mais bon, elle avait enregistré un titre en 1995, alors ça compte pas.. », sauf que bon, depuis 1995, elle a été virée de 4 maisons de disques…

Corey Smith: donner sa musique peut rapporter gros

Alors, parlons de Corey Smith. Début 2000, Smith était un professeur de lycée, et artiste nuits et week-ends. Il a décidé de se consacrer uniquement à la musique. Il a commencé à tourner, en se concentrant particulièrement sur la construction de sa fan base en utilisant son site et réseaux sociaux.

Il donnait toute sa musique gratuitement sur son site web pour ramener des gens à ses concerts. Il offrait également des tickets en pré-vente à seulement 5$ (pour ses concerts), ce qui incitait ses fans à justement élargir le cercle en incitant famille, amis à en acheter. Il a donc considérablement développé sa fanbase. Il a également essayé différentes expériences et notamment celle de ne plus donner gratuitement sa musique sur son site web. Résultat: ses ventes sur Itunes ont diminué.

En 2008, Corey Smith a gagné près de 4 millions$, en grande partie grâce aux concerts qu’il a initié grâce à son site et réseaux sociaux. Et tout en donnant sa musique gratuitement, il a tissé des liens avec les fans en leur donnant une raison d’acheter.

Fanfarlo + Stratégie numérique réussie = succès

Fanfarlo est également un très bon exemple de l’utilisation du marketing direct to fan pour un groupe en développement. L’album du groupe, alors seulement travaillé par leur maison de disque sur Itunes s’est vendu à 850 exemplaires.

Le groupe, en reprenant la main sur son marketing et en s’associant avec TopSpin Media a alors vendu 13 000 albums. Sans compter l’accroissement très important du public à leur concert et l’augmentation des ventes de merchandising.

Ils ont appliqué différentes techniques, très simples, déjà utilisées avec succès par les vétérans du Direct to Fan (Nin, Weezer, Beastie Boys…): site web constamment remis à jour, points d’accès digitaux multiples mais très simplement gérés Flickr, YouTube, Facebook…), newsletters, emails, recommandation de groupe plus connus (Sigur Ros en l’occurrence a beaucoup recommandé Fanfarlo comme avait pu le faire John Mayer avec Passion Pit), offre de promotion spéciale sur l’album vendu à 1$ pendant quelques jours, applications et widgets…

Donner leur musique à 1$ n’a pas fait baisser les ventes. Bien au contraire. Cela a attiré de très nombreuses personnes sur le site. Qui ont écouté la musique. Puis acheté l’album et différents packages.

Alors bien sûr, tout le monde ne peut pas se payer le luxe d’être recommandé par Sigur Ros.

The Lights Out et le hashtag magique

The Lights out, groupe basé à Boston souhaitait développer leur visibilité et acquérir de nouveaux fans pour leurs tournées. Ils ont donc décidé d’organiser des concerts flash mob via twitter. Ils ont demandé à leurs followers quels étaient les meilleurs endroits, ont créé un événement sur Facebook, puis un hashtag sur Twitter pour regrouper tous les messages. Ce qui a décuplé l’intérêt des followers de leurs followers qui voulaient en savoir plus sur le pourquoi de l’hashtag, et ce hashtag s’est vite transformé en générateur de viralité. Le groupe a continué à twitter de l’événement et après, en repostant des photos, des commentaires. Au final, 70,000 impressions (couverture medias, twitter, twitpic) sur eux.

Jonathan Coulton: un morceau gratuit par jour

Jonathan Coulton était un programmeur informatique. En septembre 2006, il a décidé d’écrire, d’enregistrer et de sortir une nouvelle chanson par semaine pendant un an – toutes publiées sous licence Creative Commons, (ce qui veut dire que n’importe qui peut les partager). Et ça a bien été partagé.

Coulton est devenu une vraie sensation sur le web, et de plus en plus de fans le suivaient. Certains ont même créé des vidéos pour ses titres. Il vit maintenant de ses tournées, qu’il a initiées via le web. Il est également connu pour ses petites phrases comme “…you’ve got a more advanced recording studio in your laptop than the Beatles had when they made Sgt. Pepper’s, so record your music yourself.” Ou “Send out a million pieces of yourself to interact with potential fans. If they’re out there, they’ll find you — and hopefully sometime after that, give you money.”

Moto Boy: l’avenir est dans les boîtes à musique

Moto Boy est un auteur-compositeur interprète suédois sur le label « Songs I Wish I Had Written ».

Moto Boy et son label ont décidé de mettre tous ses titres sur les sites de partage de fichiers y compris The Pirate Bay. Mais dans le même temps, Moto Boy travaille beaucoup pour se connecter et interagir avec ses fans. Sur son site web, il encourage les fans à interagir avec sa musique. Quand ces fans ont commencé à filmer ses concerts et à les poster sur Youtube, son label a été cherché les meilleures pour les regrouper et en faire un « maxi concert YouTube ». Rien à voir avec certains labels qui forcent les artistes à retirer le contenu.

Même si sa musique est gratuite, il continue à se connecter de manière étonnante avec ses fans. L’année dernière, il a vendu sa musique dans des coffrets boites à musique. Il a même lancé des boites à musique en édition limitée (25) fabriquées à la main, signées par lui-même, avec un CD , les partitions et paroles. Tisser des liens avec les fans et leur donner une raison d’acheter au-delà de la musique a fait de Moto Boy un artiste reconnu en Suède.

Amanda Palmer: Do It Yourself 2.0

Amanda Palmer est la chanteuse des Dresden Dolls, un « duo punk cabaret » et a enregistré un album solo sur le label Roadrunner (filiale de Warner Music). Comme elle a trouvé qu’ils géraient plutôt mal sa promotion, elle a décidé de prendre les choses en main.

Elle a donc été chercher ses fans directement sur les réseaux sociaux, en étant notamment très active sur Twitter. Elle a ensuite offert des concerts flash un peu partout où on l’appelait. En Juin 2008, elle a fait un concert flash sur une plage de Los Angeles en proposant un titre qu’elle avait écrit le matin même suite à la suggestion d’un fan sur Twitter.

Ça a donné un super clip vidéo tourné par un fan. Elle a réussi à créer également son propre business model. Un soir, en discutant avec ses fans sur Twitter, elle a lancé l’idée de faire du merchandising avec des t-shirts qu’elle customiserait personnellement. Elle a tout mis en place en quelques heures (via des sites de merchandising sur internet) et a vendu pour 11.000 dollars de merchandising en quelques jours. Une autre nuit, via sa webcam, elle a lancé en direct une vente aux enchères en ligne pour différents articles de sa tournée, qu’elle personnalisait. En trois heures, elle a gagné 6.000 $.

Il y a encore quelques semaines, elle disait n’avoir toujours pas touché la moindre redevance de la part de son label sur son album.

Elle vient de quitter son label, et a écrit de nombreux articles sur sa nouvelle liberté et sa volonté de travailler et monétiser différemment sa musique.

Matthew Ebel: l’abonnement pour vivre de sa musique

Matthew Ebel est un chanteur de Boston qui a commencé à construire sa fanbase en jouant en live et en étant très actif sur les réseaux sociaux. Il a ensuite décidé de lancer son propre abonnement « backstage ». Pour 5$, 10 $ ou 15 $ par mois, les fans ont accès à différentes prestations, dont l’accès à des nouveaux titres toutes les semaines.

Selon leur abonnement, ils ont accès à des concerts, des cadeaux surprises, du merchandising ou des prestations uniques. Au final, Ebel réussit à vivre de sa musique à plein temps. Les abonnements représentent près de 40% de ses revenus, le reste provient de ses concerts, ventes de CD et ventes digitales. Tisser des liens avec les fans et leur donner une vraie raison d’acheter a fait en sorte qu’il peut avoir une carrière de musicien.

Moldover: l’avenir est dans les boîtes à musique

Moldover est un musicien électro de San Francisco. Il a eu une idée rigolote pour son nouvel album. Faire de la boite du CD un instrument de musique à lui tout seul. En cliquant sur un bouton, on a accès à tous les titres, avec possibilité de modifier et jouer avec. Il y avait même des capteurs de lumières et la possibilité de brancher la boite à son PC ou à un système audio.

Au final, alors que les CD étaient vendus à 50$, la demande a été beaucoup plus forte que l’offre. Donc même si on nous dit que personne ne paie pour la musique, en proposant quelque chose de très différent, cet artiste moins connu a réussi à attirer l’attention sur lui et à vendre.

Cyril Paulus: en France, Internet marche, aussi

Cyril Paulus est un chanteur compositeur, ayant sorti un album chez Sony en 2006, et remercié par sa maison de disque en Février 2009. Il a lancé sa propre plate-forme.

Le postulat de base était qu’il voulait faire en sorte que ses fans entendent son album. Il a donc décidé de ne pas le vendre mais de vendre un abonnement à son site. Il y a 3 formules 1 mois, 6 mois, et 12 mois, celui d’un mois coûte 6,99€ (ce qui revient à dire que rien que pour l’album, c’est 30% moins cher que sur les itunes et autres).

Il offre donc à ses abonnés le nouvel album, tous ses anciens titres en écoute illimitée, ses nouveaux titres au fur et à mesure, et d’autres avantages, comme une webtv qui diffuse en continu et propose des émissions spéciales 2 fois par mois, une messagerie vidéo pour que ses fans puissent se filmer et envoyer des messages, à lui ou à la communauté (encore une fois interaction entre les fans et lui et entre la communauté), et par la suite, des tarifs réduits sur les places de concerts…

Pour ça Cyril s’est formé à Final Cut pour la vidéo, a investi dans de bonnes caméras, a financé l’enregistrement de son album, s’est greffé une case “chef d’entreprise” et a rationalisé chaque centime investi…

Résultat : ouverture le 15 décembre 2009 et ça marche. Comme il dit, il est 10 fois plus heureux quand un abonné décide de renouveler son abonnement pour un an, que quand il vendait 100 albums en 2007.

Tout ça ressemble beaucoup à ce que fait Trent Reznor me direz-vous. Oui, sauf que Cyril Paulus n’avait jamais entendu parler de ce que faisait Trent Reznor. Preuve que ce Direct To fan semble naturel à beaucoup d’artistes.

Charly et sa drôle de dame: le saut dans l’Internet

Charly et sa drôle de dame est un artiste en développement, mais en vrai de vrai développement. Il a commencé il y a quelques années et toujours pas de label, de tourneur, de manager, de fans…

Qu’est ce qu’il a fait?  Il s’est remis en question et s’est dit que sa communication n’est peut-être pas la meilleure. Il investit donc Twitter, arrive à se construire une petite communauté de fans, construit un site à son image, se bâtit une histoire…  le résultat : il n’a toujours pas de tourneur, de manager, mais il a des fans. Et son nom commence à circuler, sa signature commence à être reconnue… en quelques mois, il a fait plus qu’en quelques années.

Exsonvaldes dans ton salon

Exsonvaldes est un jeune groupe rock folk français. Troisième album soit, mais pas beaucoup de visibilité media. Qu’importe, inspiré par l’exemple de Jonah Matranga aux Etats-Unis, déjà très actifs sur Internet (ils sont sur Twitter, Facebook, ont leur propre site et un Bandcamp), ils décident de développer leur visibilité et leur fan base en faisant des concerts en appartements.

Ils lancent une invitation un peu comme une boutade à la fin d’un concert (« Hé, on va dans telle ville, quelqu’un pour nous accueillir chez lui pour un concert ? »), et au final ont fait un peu plus de 40 concerts en appartements maintenant (en plus de leur tournée). Le résultat : augmentation de leur notoriété, visibilité, et de leur fans base (oui car celui qui invite invite des gens qui ne connaissent pas forcément Exsonvaldes) et des ventes de leur merchandising.

En effet, ils vendent du merchandising à la fin de chaque concert en « pay what you want » (vous donnez ce que vous voulez). Au final, ils gagnent 20% de plus sur le merchandising que sur des prix fixés. Pourquoi? Grâce à l’interaction. Assister à un concert gratuitement, qui vous plaît, avec un artiste à quelques mètres de vous, ça crée un vrai lien émotionnel. Et ça se voit sur les ventes…

Bien sûr, ce ne sont que des artistes, mais tous ces nouveaux modèles sont en train d’impacter l’écosystème.

Des entreprises innovantes pour soutenir ses artistes 2.0

De nouvelles entreprises se sont créées, comme TopSpin, Nimbit et Kickstarter pour soutenir les artistes (et/ou les labels) dans ces évolutions. TopSpin aide les artistes (et/ou labels) à mieux communiquer avec leurs fans et à monétiser. Et on constate que quand c’est bien fait, les gens achètent. Par exemple, un artiste travaillé par TopSpin voit le panier moyen de ses fans atteindre les 100 $, et plusieurs artistes ont un panier moyen de fans à 50 $.

Dire que les gens ne veulent que la gratuité n’est pas corroboré par ces exemples. Dans l’ensemble les artistes utilisant TopSpin ont panier moyen d’achat par les fans à 20 $ …donc plus que le prix d’achat d’un CD.

Et, bien sûr, les labels ont un rôle à jouer. Il s’agit d’un business model pour les artistes et pour les labels. Le futur est le direct to fans. Et ce futur est le même pour les labels.

D’ailleurs, certains labels comme Universal Motown indique que les artistes qui ne comprennent la nécessité et la responsabilité de communiquer avec leurs fans ne sont probablement pas des artistes qu’ils signeront:

There may be some indie hipper-than-thou artists who want to let the music speak for itself, they are probably not for us. We believe an artist has a responsibility to communicate with their audience…We embrace the world of technology and the vast improvements in communication.

Cameo Carlson, executive vice president at Universal Motown Republic Group.

Dans ces domaines, Universal Music vient d’ailleurs de finaliser un partenariat avec Mozes et Big Champagne et Warner Music avec Cisco. Certains gros artistes majors n’ont pas attendu ces partenariats pour se lancer dans le direct to fan. Mariah Carey, Lady Gaga, Prince ou Bowie l’utilisent depuis longtemps.

Un album de remix fait par des fans

Terry McBride est le patron de Nettwerk, un label canadien qui utilise ces business models avec beaucoup d’artistes différents. Il a déclaré que le droit d’auteur ne voudrait plus rien dire d’ici une décennie, et qu’il essaie donc d’agir en conséquence. Son objectif prioritaire est de s’assurer que chaque action lui permet de réellement communiquer avec les fans de ses artistes.

Avant la sortie l’album de l’artiste K-OS (Hip hop), ils avaient lancé sur internet toutes les pistes de l’album, permettant aux fans de faire leur propre mix. Ce n’était même pas un remix car les titres n’avaient même pas encore été mixés.

Plutôt que de s’angoisser à cause des fuites éventuelles sur l’album, ils ont préféré laisser les fans faire ce qu’ils voulaient des titres, sans s’en inquiéter. Ils ont proposé ensuite aux fans de mettre leurs mix sur un site, de voter et les meilleurs mix ont été mis sur un album. L’album pro et l’album fan ont été lancés en même temps.

De nombreux fans ont achetés les deux albums qui se sont retrouvés en même temps dans le top 50.

Il faut donc arrêter la nostalgie du « avant c’était le bon temps » pour se concentrer véritablement à développer ces business models. Ce marketing n’a rien de nouveau. Il s’agit simplement d’un retour aux racines. L’artiste qui va s’adresser directement à ses fans. Et Internet permet maintenant de le faire rapidement, facilement et mondialement…Je ne dis pas que le marketing direct to fan est la seule olution. Je pense simplement qu’il s’agit d’une des solutions, parmi d’autres, à ne pas négliger.

Le connect to fans: un retour aux sources

D’ailleurs dans le milieu des années 1970, le groupe folk canadien “Stringband” réunissaient les noms et adresses de ses fans à chaque concert et leur envoyaient des cartes postales pour les informer des concerts, des fêtes, nouveaux albums….Pour leur 3ème album (1977), ils ont demandé à leurs fans de les aider (10 $ ou 15 $). Ceux qui les aidaient étaient invités à faire les chœurs en studio avec le groupe pour compléter l’album, et l’album a été appelé «Merci aux personnes suivantes….” avec les noms des centaines de gens qui les avaient aidés imprimé sur la pochette du disque, et quelques centaines d’autres sur la page d’insert … le disque a été envoyé à chaque donateur (frais de port avait été payé avec les dons).

Donc cette formule du CwF + RtB peut être valable n’importe quand.

Encore une fois, toutes les campagnes marketing sont différentes, et doivent être pensées en vue d’améliorer les forces et opportunités de chaque artiste. Les outils vont également continuer à évoluer mais le principe de déterminer ses objectifs principaux (« Je veux que mon widget soit sur 100 sites cette année » ou « 50 000 visiteurs uniques ce mois ci » ou que « mon titre soit écouté 10 000 fois » ou que » j’arrive à collecter 5000 emails de fans » ou que « le panier moyen d’achat de mes fans soit de 30 € sur mon site ») et de travailler à développer sa fanbase pour les atteindre ne changera pas. Nous n’en sommes qu’au démarrage du direct to fan.

Des maisons de disques aux maisons de musique

Le rôle des maisons de disques doit également évoluer. Son rôle de base, indispensable, ne changera pas, en facilitant la commercialisation et la distribution des artistes. Imaginons maintenant que les maisons de disques deviennent des maisons de musique, vendent des gammes de produits beaucoup larges que des CD, permettent aux artistes de proposer des packages à valeur ajouté et donnent également une chance réelle à la distribution digitale en comprenant qu’Internet n’est pas qu’une plateforme de distribution, mais un moyen réel de diffusion et de monétisation.

Imaginons également qu’elles comprennent pleinement le rôle du consommateur, améliorent sa connaissance et son suivi (un consommateur n’est pas seulement un acheteur ou un pirate).

Imaginons qu’elles utilisent un music marketing créatif, utilisant les nouvelles technologies, nouveaux outils et réseaux sociaux, mixant la musique,graphisme, social, communautaire et recommandation….

Plus que jamais, la musique est et doit rester une expérience et non un produit…

Illustrations CC Flickr par Nine Inch Nails Official, Hoong Wei Long, _astracan_, ekai, Johanna B.

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