OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Fais-moi jouer, fais-moi jouir http://owni.fr/2011/03/13/fais-moi-jouer-fais-moi-jouir/ http://owni.fr/2011/03/13/fais-moi-jouer-fais-moi-jouir/#comments Sun, 13 Mar 2011 09:30:13 +0000 Maud Serpin (Fais-moi jouer !) http://owni.fr/?p=50668 Difficile d’avoir raté ces derniers jours les controverses autour de We dare, un party game coquin développé par Ubisoft et à jouer entre couples.  Loin d’inviter à prendre parti,  ces polémiques inspirent davantage une analyse sur le rapport entre ces deux mots à 4 lettres : le sexe et les jeux (et, enfin, un clin d’œil au nom de ce blog, il était temps !).

Chaque mois, d’après Google AdWords, il y a 301.000 personnes qui tapent « jeu sexe » dans leur moteur de recherche. De quoi questionner la place du charnel dans les jeux vidéo et les jeux online : simple « complément » visuel, élément majeur du gameplay ou encore aide à une jouissance qui, de purement ludique, se mue en purement sexuelle ?
Il ne s’agira pas ici ni d’augmenter le référencement naturel de ce site à grands renforts de tags en bold ni de donner à voir un panorama exhaustif de l’existant ludiquo-sexuel, mais plutôt de comprendre comment, sur un axe « plaisir ludique/plaisir sexuel », le curseur se déplace de gauche à droite.

Des fesses de Bayonetta au Hot coffee mod de GTA

Il suffit d’aller une fois dans sa vie au salon du jeu vidéo et/ou d’admirer des photo de cosplays sur Flickr pour comprendre que les codes du sexy et de l’érotisme y sont largement présents. De l’érotisme souvent coquin, parfois fripon : un besoin visiblement partagé par l’ensemble des utilisateurs (majoritairement jeunes), sans pour autant que le gameplay en soit modifié. Considérons ici cette érotisation comme un aspect graphique agréable et plaisant à l’œil, qui confère au plaisir ludique un indéniable « plus ».

Mais la température monte d’un cran, abandonnons cette sensualité gentille – que l’on retrouve au final également dans le dernier blockbuster US – pour pénétrer dans un monde où la sexualité, plus crue, plus perverse, prend davantage de place.  Ici , on pense à des scènes dans God of War, dans Dante’s Inferno, ou encore à ce mini-jeu qui a fait scandale dans GTA [en]. Sans oublier les allusions équivoques à peine dissimulées des jeux issus de l’industrie japonaise (mais que me rappellent donc ces grandes traînées de crème fouettée maculant le visage de la jeune fille ?)

Ce ne sont pas seulement des seins plantureux ou des fessiers délicieusement galbés qui apparaissent cette fois à l’écran, mais des actes – tripotage, fellation, pénétration…- sciemment voulus et activés par le joueur.

Nous sommes cependant toujours dans le domaine du plaisir ludique, et le sexe n’est ici qu’un élément mineur du gameplay, plus ou moins à même d’avoir des incidences sur la trame narrative du jeu et/ou de remplacer dans certains cas le film érotique du samedi soir.

Or certains veulent aller plus loin, à l’instar de ce forumeur déçu (l’image ci-dessous est également destinée à baisser le pourcentage d’images cochonnes publiées  dans cet article).

Du jeu érotique au jeu-prétexte

Poussons le curseur un peu plus loin sur notre axe plaisir ludique/plaisir sexuel,  juste au milieu. Qu’avons-nous là ? Des jeux érotiques, et assumés comme tels. Comme par exemple : de l’Adult Interactive Fiction [en], du MMORPG, du jeu de stratégie [en] et même un ARG [en] ! La liste complète serait longue, notamment du côté du Japon…

Il s’agit ici de parvenir à un équilibre où jouissance du jeu et potentielle jouissance de la chair sont idéalement combinées. Une gageure audacieuse : est-il possible de se concentrer, de prendre les bonnes décisions, d’améliorer son score, bref, de jouer sérieusement comme cela est proposé dans Playboy Mansion [en] alors que la tentation charnelle taraude en permanence le corps physique du joueur ?

Et lorsque le curseur bascule finalement tout à droite, c’est la nature même du jeu qui bascule : le jeu en soi, comme activité se suffisant à elle-même, devient ici instrument, moyen, prétexte. Le plaisir ludique s’efface au profit du plaisir sexuel.

Pour le casual gaming à deux ou plus, cela va donner de véritables « facilitateurs de coït », à l’instar de l’application mobile Action Vérité Hot. Les règles d’un véritable rapport sexuel, habituellement fixées par les protagonistes eux-mêmes, tacitement ou de manière explicite, sont ici édictées par le jeu. Ce dernier questionne les partenaires pour faire monter leur désir réciproque, leur proposant même, en cours de route, d’écourter la partie !

Le nerd devant sa console aura quant à lui droit à de jolis produits 100% NSFW (165.000 recherches mensuelles par mois sur « jeu hentaï », et au sujet du hentaï, je vous renvoie à ce bon article qui raconte à merveille des premiers émois adolescents).

Le jeu comme une aide à la masturbation ? Mais ce n’est pas nouveau : comme l’explique très bien Antonio Casilli dans les premières slides de son séminaire « Le ‘droit de jouissance’ dans la culture du numérique : objets et représentations du netporn »,  cela fait en réalité longtemps, près de cinquante ans, que le X cherche à s’immiscer dans des applications numériques pour adultes. Et cela vaut évidemment pour les jeux.

Dès lors, la plupart de ces jeux,  stimuli sexuels et accélérateurs de jouissance, se réduisent fréquemment à de simples animations Flash interactives – leur en demande-t-on plus ?
Parfois, le jeu contient quand même plusieurs étapes, comme dans les « Meet’n’Fuck », où il convient de répondre correctement pour accéder à la suite de l’histoire (où, en général, les couches de vêtements recouvrant les personnages sautent les unes après les autres). Le plaisir sexuel n’est donc atteint que si le contrat du jeu est respecté.

Mais bien souvent, il n’y a qu’un seul écran, avec une protagoniste et divers outils mis à disposition de l’utilisateur. C’est le retour au jeu de la poupée façon pervers : manipuler un corps sans défense selon son bon vouloir, le caresser gentiment ou lui faire subir les pires outrages…Il n’y a rien à gagner si ce n’est sa propre jouissance (mais certains otakus diront certainement que le jeu en vaut la chandelle !).
Par ailleurs, nul besoin d’utiliser son imagination pour vivre virtuellement un fantasme hors du commun ; comme pour le porno, il y en a pour tout les goûts (enfin, surtout japonais) sur le web en matière de petits jeux Flash. Et bientôt également sur Kinect [en] ?

Une seule et unique lettre sépare « jouer » et « jouir » dans la langue française, un hasard ? Amusons-nous à croire que non. Car si dans de nombreux cas, plaisir ludique et plaisir sexuel ne sont absolument pas liés, d’autres situations nous montrent que jeu et sexe font tout à fait bon ménage. Même s’il est parfois difficile d’imaginer comment quelque chose de charnel -  et donc de chaud, de vivant – peut être traduit à travers le virtuel froid des jeux numériques, et seulement à travers deux sens, la vue et l’ouïe.
Si l’on veut combiner tous les sens, il semble en effet qu’un retour au réel s’impose. Et n’en déplaise à Seth Priebatsch, le chantre du game layer on the top of the world [vidéo, en], il n’y a pas eu de gamification des rapports sexuels. Simplement, les composantes du jeu – communément définies par une activité librement choisie / une extraction hors du réel / un cadre codifié avec des règles / une issue incertaine – ressemblent furieusement à celles d’une partie de jambes en l’air. Ce qui propulse d’un coup les gamers au rang de bons amants potentiels, non ? À méditer.


Retrouvez tous les articles de notre dossier jeux vidéo:

- Lara, Zelda, Samus: pourquoi sont-elles aussi sexy ?
- Prendre le jeu au sérieux

ff

Billet initialement publié sur Fais-moi jouer ! ; image CC Flickr cloneofsnake

Passionnée par l’exploration des territoires digitaux, des Wonderland contemporains qu’elle étudie quotidiennement au sein de Curiouser, Maud Serpin s’intéresse de près à tout ce qui se passe lorsque ludique, fiction, et nouvelles technologies se mélangent et se répondent. Vous pouvez suivre son actualité ici !

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Urban After All S01E02 – “Masturbanité” : un autre regard sur la ville où t’habites http://owni.fr/2011/01/31/urban-after-all-s01e02-%e2%80%9cmasturbanite%e2%80%9d-un-autre-regard-sur-la-ville-ou-t%e2%80%99habites/ http://owni.fr/2011/01/31/urban-after-all-s01e02-%e2%80%9cmasturbanite%e2%80%9d-un-autre-regard-sur-la-ville-ou-t%e2%80%99habites/#comments Mon, 31 Jan 2011 07:30:53 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=44422

Le sexe fait vendre ; pourquoi en irait-il autrement de nos villes ? Depuis toujours, les “quartiers chauds” attirent les curieux. Et plus personne ne s’étonne de faire un crochet par Pigalle ou Kabukichō, entre deux visites plus “conventionnelles”. Le potentiel économique de tels lieux est évident, et surtout bien connu des autorités urbaines.

L’exemple amstellodamois a donné ses lettres de noblesse à cette lecture décomplexée du marketing territorial, comme l’explique [en] le responsable du département d’aménagement : “‘Sex in the City’ n’est pas qu’un slogan, c’est un fondement important du succès économique d’Amsterdam.” Plutôt logique :

Amsterdam est connu pour son côté chaud, et il en est ainsi depuis des siècles. [...] C’est un cercle vicieux : la réputation d’Amsterdam attire des jeunes en quête de sexe de tout le pays [note : et de l’étranger], qui par conséquent viennent confirmer et renforcer cette réputation.

En tant que municipalité, nous devons nous en réjouir. Ces jeunes gens peuplent nos universités et lancent des entreprises innovantes qui contribuent à maintenir notre bonne santé économique ; d’autant qu’en vieillissant, ils ont tendance à rester à Amsterdam de plus en plus longtemps.

L’omerta  du cul urbain

À bien y regarder, l’auteur ne fait “que” dire tout haut ce que tout le monde sait mais pense tout bas… et c’est bien là tout le problème. Car cet érotisme urbain reste tabou parmi les autorités urbaines compétentes, qu’elles soient publiques ou privées (les transports publics sont aussi concernés).

Las, The Pop-Up City a décidé de lancer un pavé dans cette mare puritaine, en partant en quête de cette “erotic city” [en] tant désirable que désirée. [ Message à caractère informatif : malgré la proximité de nos noms de blog respectifs et surtout de nos centres d’intérêt - j’ai préféré un subtil tag “porn”, en hommage à cette “culture porn” qui a marqué notre génération nourrie au biberon digital -, je n’ai aucun lien avec The Pop-Up City. Ils sont juste très doués :-) ].

Dans une jolie introduction à la ville érotique [en], les blogueurs justifient leur démarche intellectuelle. Une démarche que je partage pleinement, et que j’ai choisi de requalifier par un néologisme de circonstance : la “masturbanité”, ou comment réenchanter la ville en valorisant ses atouts sexuels (je remercie au passage l’inconnu qui m’a soufflé ce terme. S’il se reconnaît… )

“Notre objectif est de dévoiler l’importance des expériences sensuelles dans l’espace public de la ville moderne. [...] Le sexe, bien qu’étant l’un des besoins les plus évidents de l’Homme, n’a quasiment jamais été problématisé dans la construction de nos villes. En termes politiques, cela signifie que nous essayons de trouver comment les ville peuvent être plus performantes, en comprenant et en exploitant le regard que nous portons sur la sexualité, en constante évolution.

[...] Cela signifie aussi qu’une autre manière de composer nos villes est nécessaire. En poussant la réflexion à l’extrême, nous pourrions même avoir besoin d’espaces érotisés. Sur ce point, les acteurs urbains se montrent profondément pudibonds.”

… Et c’est peu dire ! Et encore, les auteurs s’appuient ici sur l’exemple hollandais, qui n’est pourtant pas un cancre en matière de “masturbanisme”. Outre les traditionnels quartiers chauds, la municipalité de Rotterdam a par exemple choisi d’officialiser les lieux de drague/cul homosexuels, à l’aide de plots distinctifs marquant l’espace (d’un  goût douteux sur le plan esthétique…). Cela n’interdit pas de s’interroger sur la pertinence d’une telle mesure, comme le fait Minorités : “on peut se demander si l’utilisation du drapeau arc-en-ciel correspond à son idée initiale d’émancipation et de diversité. Par ailleurs, [on] remarque que les hétérosexuels et les lesbiennes n’ont pas de zones d’amusement réservées.”

Baise-en-ville : un ghetto comme un autre ?

Mais surtout, on constate que la sexualité est ici limitée à une espace prédéfini. Hors des plots – ou des quartiers chauds -, point de cul ? Sans pour autant faire l’apologie de la baise de rue (considérée en France comme une exhibition sexuelle, vous risqueriez un an de prison et 15.000 euros d’amende), la question mérite d’être posée : faut-il cloisonner spatialement la sexualité urbaine, autrement dit l’aménager (“la ménager”..?) pour mieux la contrôler ?

C’est semble-t-il le choix d’une grande partie des gouvernants européens, suivis plus ou moins massivement par l’opinion publique. Éternelle et dangereuse hypocrisie, comme l’explique Marcela Iacub, juriste et chercheuse au CNRS, dans un entretien à Télérama :

La sexualité a fait irruption dans l’espace public en même temps que la montée du contrôle des pulsions sexuelles par l’État. Voilà bien le paradoxe de notre modernité : ­jamais le sexe n’a été autant pénalement réprimé, dans un espace aussi érotisé.

En terme de sexualité urbaine, la répression prend des formes variées. Prenons l’exemple français et parisien. Explicitement, à travers les différentes lois de chasse aux prostituées (particulièrement la Loi pour la Sécurité Intérieure de 2003). Mais aussi plus implicitement, à travers l’éternelle résurgence des maisons closes dans le débat public. Un mal nécessaire, diront certains. Celles-ci seraient ainsi perçues comme l’unique solution aux maux de la prostitution urbaine – sans pour autant porter atteintes aux prostitué(e)s, inévitablement considérées comme victimes.

Pour ma part, j’y vois une forme supplémentaire de ghettoïsation répressive. Conséquence directe de ce double discours, les lieux de stupre sont en effet progressivement repoussés vers les marges, à l’écart des centre-villes bourgeois qui considèrent que la prostitution nuit à la tranquillité du voisinage (et donc au prix du foncier) : au-delà du périphérique, de plus en plus loin à l’intérieur des bois, etc. On retrouve ici le processus de déportation progressive déjà évoqué dans le premier épisode d’Urban After All, à travers la métaphore du zombie moderne. Des associations telles qu’Act-Up Paris fustigent ainsi les conséquences de la loi sur les conditions de travail des prostitué(e)s : “La prostitution est repoussée par cette répression dans des zones de non-droit et de clandestinité où les actions de prévention sont rendues impossibles”.

Le STRASS (Syndicat du TRAvail Sexuel), qui représente environ 200 “travailleurs et travailleuses du sexe” en France et milite pour la décriminalisation du travail du sexe, enfonce le clou dans un communiqué s’opposant à la réouverture des maisons closes :

Nous refusons d’être mis à l’écart de l’espace public dans des endroits fermés et espaces réservés ou cachés. Nous faisons partie de cette société et nous voulons que nos lieux de travail soient des espaces ouverts à tout public adulte et non des maisons closes.

C’est aussi la conclusion de The Pop-Up City, qui se plait à rêver d’une ville plus tolérante envers le sexe dans un billet au ton volontariste [en] : “Tout le problème, en réalité, tient dans l’inexistence de cette ville érotique. [...] Ce manque d’espace érotisés reflète notre mauvais traitement de l’érotisme en général.” Et de conclure avec cette saillie qui pourrait [devrait ?] donner des idées aux acteurs de la ville : “Il est toujours possible de créer des espaces municipaux érotisés et semi-autonomes. Pourquoi pas des “pop-up” orgiaques ?” À bon entendeur !

Image CC Flickr gilles.crampes et LeRamz

Devenez fan de Urban After All

Un petit mot de l’auteur :-)

Géographe, consultant freelance en prospective urbaine, je déploie habituellement mon flow sur pop-up urbain, “popservatoire d’urbanités” où j’explore les imaginaires de la ville de demain dans la pop-culture contemporaine. Au menu : des billets jeunes et ambitieux, parfois vicieux, souvent LOL mais toujours sérieux !
Urban after all est né d’une discussion avec Nicolas Nova, consultant chez Liftlab, suite à la fermeture du Laboratoire des villes invisibles qu’il animait et auquel j’avais eu la chance de contribuer. Dans cette perspective, Urban after all s’envisage comme une plateforme collaborative où interviendront de temps à autre d’autres intervenants au regard acéré sur la ville.

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Métro bondé, métro bandant? http://owni.fr/2010/12/13/metro-bonde-metro-bandant/ http://owni.fr/2010/12/13/metro-bonde-metro-bandant/#comments Mon, 13 Dec 2010 16:24:36 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=39107

Aujourd’hui, un internaute est arrivé ici en cherchant un « extrait porno nippon dans le métro » sur Google… Heureuse coïncidence, puisque je souhaitais ardemment vous parler de l’imaginaire érotique des mobilités, et plus spécifiquement du métro… ;-)

Cela fait longtemps que je m’interroge sur ce sujet ; mon héritage manga y est sûrement pour beaucoup… Difficile en effet, quand on a lu quelques tomes de GTO ou autres, de ne pas associer « métro nippon » et « métro fripon » (c’est un euphémisme…). La perversité des rames japonaises n’est plus à démontrer, bien qu’il faille faire attention à ne pas non plus tomber dans l’excès de clichés.

Quoi de plus logique, pour une société à ce point marquée par l’hyper-routine métro-boulot ? On ne s’étonnera donc pas d’apprendre que certaines rames sont réservées aux femmes aux heures de pointe ; et encore de découvrir, au détour d’un love hotel, une chambre redécorée pour assouvir vos fantasmes métropolitains ! (oui oui, c’est bien une chambre…) :

Une vision d’autant plus glauque qu’elle s’éloigne profondément de notre imaginaire érotique occidental, davantage marqué par la relation à l’automobile. Inutile d’égrener les exemples : on pourrait remplir une thèse à énumérer tous les films, séries ou romans contenant une scène de sexe sur la banquette arrière / de fellation au volant / de partouze en limousine… C’en serait presque désespérant. Mais je reviendrai bientôt sur ce sujet plus en détail, et il y aura du LOL inside.

Cela n’est pas sans conséquence. L’érotisation de l’automobile est l’un des piliers marketing essentiels sur lesquels s’appuie la diffusion de la culture auto (« l’automobilité » [en]) ; il suffit de voir sur quels leviers jouent les publicités pour s’en convaincre. L’omniprésence de l’automobile dans l’inconscient érotique a nécessairement un effet sur l’attachement d’un trop grand nombre de nos concitoyens à leur petite auto propriétaire (cf. cette géniale pub Mobizen : l’érotisme est-il compatible avec la voiture en partage ? Ou la voiture électrique sans vrombissant moteur ? Ce sera justement l’objet du billet sus-décrit…)

Érotiser les transports en commun pour en promouvoir la pratique ?

Il en va autrement pour les transports en commun. Hors du Japon, point de phallus ? (lol) Disons-le d’emblée : les TC ne font pas bander, au sens propre comme au figuré. Dès lors, l’analogie est évidente : faut-il érotiser les transports en commun pour en promouvoir la pratique ? Sans être catégorique sur la réponse, je pense que la piste mériterait d’être approfondie par les équipes marketing concernées. La marque Rockport a d’ores et déjà montré la voie en érotisant la marche urbaine (« Walkability is the new aphrodisiac »). Et les métros ne sont pas forcément des modes plus prudes, comme en témoigne cette publicité DIM dévoilée l’hiver dernier, et réapparue sur nos écrans il y a quelques semaines :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Malgré les critiques qu’on peut lui formuler (difficile d’être en jupe dans le métro sans se faire traiter de catin du métropolitain), cette pub est un révélateur : le vent tourne, et j’ai hâte de voir les transporteurs exploiter ce filon sexy pour promouvoir des mobilités plus durables. Comme le chantait Virginie Ledoyen dans le superbe Jeanne et le garçon formidable (à 2’30 dans la vidéo) :

JEANNE :
Notre désir était si indomptable
Qu’on a fait ça dans la rame de métro.
SOPHIE :
Dans le métro ! Mais c’est épouvantable !
JEANNE :
Moi j’ai trouvé ça plutôt rigolo..!

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Note : le métro sait aussi être romantique : cf. Transit amoureux en flux (dé)tendus ^^

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EDIT du 13/12/10 : au départ, je voulais conclure ce billet sur la problématique de la jupe dans le métro, mais je me suis dit que j’allais vous perdre. Quel bonheur, donc, de constater que ce cher Markhy (mon mentor littéraire) s’est attelé à la tâche sur Le Tag Parfait (« culture porn », donc logiquement NSFW). Dans « La journée de la jupe », il revient sur le matage de culottes dans les métros bondés et autres escalators :

Bien bien bien, mais le upskirt n’est définitivement pas un sport de salon, ni d’intérieur, il est dans le métro et les magasins : les dames, le parfum, l’hôtesse, les mamans, les bottes, la tunique de Rizlaine dans le courant d’air. Un érotisme total, disponible et renouvelé constamment qui, malheureusement, n’appartient qu’à l’œil de lynx.

Remercions au passage Le Tag Parfait, dont la lecture a grandement influencé mon envie de billets consacrés à l’érotisme urbain. Attendez-vous d’ailleurs à quelques billets croustillants dans les prochaines semaines :-)

Billet initialement publié sur pop-up urbain

Image CC Flickr juanluisflickr

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Asie du Sud-Est: le sexe, voie royale de la censure d’Internet http://owni.fr/2010/07/21/asie-du-sud-est-le-sexe-voie-royale-de-la-censure-dinternet/ http://owni.fr/2010/07/21/asie-du-sud-est-le-sexe-voie-royale-de-la-censure-dinternet/#comments Wed, 21 Jul 2010 15:04:30 +0000 Mong Palatino, trad. Loïc http://owni.fr/?p=22590

Aujourd’hui, contrôler le contenu d’Internet est vu comme une pratique anti-démocratique mais les gouvernements d’Asie du Sud-Est la justifie en mettant en avant la nécessité de protéger les jeunes du fléau des “comportements indécents liés au sexe”.

Un projet indonésien consistant à filtrer le “mauvais” contenu du web via son Conseil de contrôle du contenu multimédia [en français] a été enterré en février dernier après l’opposition de la population. Aujourd’hui, ce projet est à nouveau d’actualité suite au scandale provoqué par une vidéo à caractère sexuel d’une célébrité indonésienne [en anglais] qui  choque à la fois les jeunes et les adultes. L’Indonésie est le plus grand pays musulman au monde. Après avoir instauré une loi anti-pornographie en ligne il y a deux ans, l’Indonésie désire maintenant ériger une liste noire des sites Internet [en anglais], à la demande des conservateurs qui désirent protéger le sens moral des jeunes générations.

Un scandale similaire autour de la vie sexuelle d’une célébrité a fait polémique aux Philippines l’année dernière [en anglais] ce qui a ouvert la voie au vote d’une loi contre le voyeurisme [en anglais]. Internet a également été critiqué pour la diffusion instantanée des vidéos de sexe, ce qui a incité les législateurs à créer un projet de loi contre le cyber-crime.

Contrôler tous les FAI

Au Cambodge, le gouvernement a proposé de mettre en place un nœud d’accès à Internet dirigé par l’État [en anglais] pour contrôler tous les fournisseurs d’accès à Internet du pays, pour “renforcer la sécurité sur Internet contre la pornographie, le vol et d’autres cyber-crimes”. Le texte n’est pas encore finalisé mais tout porte à croire que le gouvernement fera aboutir cette mesure, surtout après les remous provoqués par la mise en ligne d’une vidéo de femmes nues [en français] se baignant dans un monastère.

Les gouvernements d’Asie du Sud-Est n’ont pas toujours besoin de scandales pour censurer le web puisqu’ils peuvent avancer d’autres raisons, comme la sécurité nationale, pour filtrer et surveiller [en anglais] les contenus. Par exemple, la Thaïlande est devenu le premier pays au monde à fermer 100.000 sites Internet [en français] pour avoir hébergé du contenu “dangereux”. Des blogueurs, des journalistes [en anglais] et des administrateurs de sites Internet ont été sanctionnés pour crime de lèse-majesté [en français]. Le Vietnam a été accusé par Google et l’anti-virus McAfee de mener des attaques virtuelles [en anglais] contre certains sites, et plus particulièrement des sites qui militent contre l’exploitation minière du bauxite, un problème qui fait polémique dans le pays.

Cependant, la règlementation politique d’Internet se heurte souvent à de fortes oppositions de la part des internautes et provoque toujours des condamnations de l’étranger, notamment des médias et des organisations de défense des droits de l’homme. Les gouvernements du Sud-Est asiatique peuvent toujours ignorer ces critiques mais ils y perdent également leur crédibilité. Les gouvernements soucieux de leur image démocratique ne peuvent pas se permettre de censurer les médias en ligne sur une longue période. En revanche, règlementer le web pour combattre la pornographie et d’autres pratiques “contraires aux bonnes mœurs” génère seulement un chuchotement de protestation. C’est donc devenu le stratagème le plus sûr pour bloquer les sites “nuisibles”. La politique de règlementation d’Internet [en français] du Myanmar (Birmanie), imposée par la junte, a été décrite comme l’une des plus draconiennes. Mais sa décision d’interdire deux hebdomadaires [en anglais] pour avoir publié des photographies de mannequins en short n’a pas soulevé les mêmes protestations des groupes démocratiques.

Symptôme de la montée du conservatisme

La volonté d’éliminer le sexe et les images érotiques d’Internet peut être vue comme un symptôme de la montée du conservatisme dans plusieurs pays d’Asie du sud-est. La carte de la morale est jouée pour imposer des attitudes, des sentiments et des comportements parmi la population même si cette stratégie n’est pas en accord avec certaines cultures de cette région du monde. Quand l’Indonésie a voté la loi anti-pornographie, le gouverneur de Bali a élevé la voix car la loi est contraire à la tradition locale [en anglais] où la réalisation de statues historiques nues et les danses érotiques sont toujours répandues. Lorsque le Cambodge a bloqué l’accès à des sites [en français] présentant des images pornographiques ou érotiques, le site reahu.net [en anglais] a également été interdit pour cacher des illustrations artistiques d’anciennes danseuses Apsara dénudées [en anglais] et d’un soldat khmer Rouge.

Un autre problème est la définition approximative de ce qui constitue une image et une action qui est pornographique, indécente, immorale et obscène. Des activistes philippins sont préoccupés par le fait que le projet de loi contre le cybercrime [en anglais] rende illégal [en anglais] la publication ou la mise en ligne de contenus qui contredisent l’interprétation officielle de ce qui est moral et convenable.

Les gouvernements sont parvenus à maîtriser les outils et les techniques de censure pour les médias traditionnels. Ils sont maintenant en train de tester les limites de la règlementation en ligne. Le projet indonésien pour faire respecter une liste noire des sites Internet devrait être surveillé pour son impact dans la région. L’Indonésie a plus de 40 millions d’internautes et le pays est reconnu comme la capitale de Twitter en Asie [en anglais]. Si l’Indonésie réussit à filtrer le contenu du web, d’autres pays de la région suivront ce modèle.

La censure du web ne coupe pas seulement l’accès à l’information ; elle affaiblit également la possibilité pour les internautes de former des communautés solidaires en ligne. Pour réellement protéger les jeunes et les personnes vulnérables, la meilleure solution est de leur donner, à leurs parents et à leur famille en général, une bonne éducation sur ce thème et des informations pertinentes sur les aspects positifs et les risques liés à la navigation sur Internet.

Billet initialement publié sur Global Voices ; image CC Flickr remixée Alaskan Dude

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L’érotisme serait-il, lui aussi, écologiste ? http://owni.fr/2009/08/28/l%e2%80%99erotisme-serait-il-lui-aussi-ecologiste/ http://owni.fr/2009/08/28/l%e2%80%99erotisme-serait-il-lui-aussi-ecologiste/#comments Fri, 28 Aug 2009 11:35:19 +0000 Isabelle Delannoy http://owni.fr/?p=2881 Vite, vite, août se termine et je vais finir par rater le coche pour ce billet qui me trotte dans la tête depuis des jours… le coche du sexe.

Et bien oui, c’est LE thème de l’été, le “marronnier” pour parler comme les pros du journalisme, le thème récurrent de nos beaux jours ensoleillés. Et il y en a eu cet été de jolis articles sur le sexe. On parlait du possible retour du poil chez Arrêt Sur l’Image, d’une lecture du machisme dans l’histoire à travers le vibromasseur dans Le Monde (si, si… allez voir !), des étudiants de Science Po qui s’apprêtent à sortir une revue érotique d’un très beau nom, L’imparfaite, les tribulations imaginaires de Vinvin à propos de cette cochonne d’Odette et des choses beaucoup moins drôles comme la diffusion de photos humiliantes intimes et parfois obtenues sous la contrainte dans les collèges. Ceci pour ne donner que les lectures de la fin de l’été… et dont je me souviens.

Couverture de la revue érotique de Sciences-Po, l’Imparfaite


Deux mois à voir du sexe écrit partout, tout cela, m’a naturellement remué les méninges… Et bon sang, le sexe vue par une nana qui ne voit le monde que par le biais de l’écologie et passionnée par la politique  (ben oui, y a des obsédées comme ça…), ça donnerait quoi ?

Côté politique : le sexe, plaisir démocratique par excellence

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Ah les plaisirs du sexe!! Pensez-donc à cette merveille : y a t-il un plaisir plus directement abordable que le sexe? Y a-t-il quelque-chose à dépenser? Non. Fondamentalement non. On peut bien sûr agrémenter, de la lingerie par là, des jouets par ci. Mais le plaisir du sexe n’est pas là, il est dans la jouissance parfaite de nos sens, de la vue, de l’odorat, du goût, de l’ouie, du toucher… rien dont vous ne disposez pas dans votre plus simple appareil et -surtout- dans votre plus simple appareil!

Riches ou pauvres,  les plaisirs du sexe ne dépendent pas de l’argent, ils dépendent de notre capacité à nous ouvrir aux plaisirs de nos propres sens, offerts gracieusement par Dame Nature, que nous soyons même beaux ou moches. Chacun de nous dispose de tout l’appareil adéquat à la naissance, et le sexe apparait bien comme le plaisir le plus démocratique qui soit!*

Côté société : le porno, ou la pulsion de la consommation

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Mais je reviens à mon titre “l’érotisme, serait-il lui aussi écologiste?” Récupération! diront certains. Oui, et amusée. Car en y réfléchissant, cela me semble bien pertinent.

On distingue souvent deux catégories dans “l’offre” de “publications” sexuelles: le genre pornographique et le genre érotique.

Photo dans la revue l’Imparfaite (une étudiante, Léa)


La pornographie se centre sur la satisfaction des pulsions de domination, possession, satisfaction du désir immédiat,etc.  bref des valeurs qui sont aussi celles de la société de consommation.

Symboliquement, on peut voir la partouze ou le gang bang comme la pulsion de répondre aux désirs du plus grand nombre. C’est là la définition du parfait objet de consommation!

L’offre porno qui s’affiche sur Internet gratuitement est inquiétante. Elle m’apparaît comme la déviance produite par notre société d’ultra-consommation où cette dernière n’est plus vue comme un moyen mais une fin, où le “consommateur” s’habitue et il faut sans cesse relancer son désir en allant plus loin. Si je regarde des sites pornos, je suis ébahie par la violence constante qui y réside, et beaucoup plus forte qu’auparavant (regardez des pornos des années 70, vous serez convaincus) : des nanas refaites , des acteurs dont on se demande s’ils sont tout à faits consentants ou amenés par surprise aux scènes auxquelles ils participent, et dont on se demande aussi parfois s’ils sont tout à fait majeurs. Et enfin des partouzes, gang bang à n’en plus finir, etc.

Si cette évolution m’inquiète particulièrement, c’est parce que lorsqu’on cherche des images sur le sexe, ce sont celles-là qui sont aujourd’hui les plus faciles d’accès. Et c’est donc sur celles que tombent les ados aujourd’hui quand ils commencent à faire leurs petites enquêtes sur ce grand mystère qu’est le sexe et qui commence légitimement à les titiller. Alors voilà, pour nombre d’entre-eux, ce sont elles qui fondent leur image de la sexualité. C’est sur cette base qu’ils partent. Triste et inquiétant, non?

Dessin de Zep (C) Glénat

Bon revenons à nos moutons. Le porno n’est donc pas DU TOUT écologiste. Ses valeurs sont à l’opposé de celles de l’écologiste.

Côté écologie : l’érotisme, ou la sublimation des potentiels de la Nature

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Précisons bien dès le départ et avant que ça ne chauffe dans les lignes qui vont suivre: j’entends par érotisme, tout ce qui ne se fait pas sans consentement ou aux dépens du partenaire. Ou alors on quitte l’érotisme pour la perversité.

Le porno est centré sur l’excitation des pulsions. L’érotisme est centré sur l’exploration des sens. Il cherche à atteindre les plaisirs du toucher jusqu’à leur extrême et dans l’exploration la plus totale. Il sublime ceux de la vue. Et que dire des plaisirs du goût de l’odorat et de l’ouïe! L’érotisme ne leur ouvre-t-il pas de nouveaux champs, bien propre à lui? L’érotisme est un art qui se cultive et s’approfondit. Apprendre, touche après touche, caresse après caresse, excitation après excitation,  à mettre ses sens en totale liberté et disposition d’accueil. Et leur faire exprimer leur entière nature. Oui, nature. Oui, apprendre à découvrir l’immense potentiel que la Nature nous a donné à travers nos sens. Et par notre art et génie humain, les renforcer et les sublimer.

Gustav Klimt, Le Baiser, 1907/1908


Dans cette optique, ce qu’on appelle déviance peut se voir d’une toute autre manière. Les adeptes de la photographie érotique peuvent être vus comme des exhibitionnistes, des voyeurs, ou comme poussant les plaisirs de la vue. Les adeptes du bondage ? Ceux encore plus sensibles aux plaisirs de la vue! Et les petites morsures, fessées ou pincements? Peut-être des biologistes patentés qui savent que sous l’effet d’une douleur, le corps secrète des endorphines, ces morphines naturelles qui calment la douleur mais amplifient les sensations de plaisir.

Il me semble, vu par ce prisme de l’écologie, que l’érotisme est bien, oui, écologiste! Un retour à sa nature, une exploration des potentialités de la nature.

Et enfin, côté philo

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A la dualité traditionnelle qui a beaucoup bercé nos sociétés “le plaisir corporel est-il licite ou non?“, l’écologie répond: vous est-il permis par la nature ou non?

C’est quand même beaucoup plus simple…

NB : c’était le test spécial été d’ecolo-info !  Si vous êtes écolo, et que le porno vous fascine, retournez à la case départ : c’est que vous avez manqué un épisode quelque part !

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++ Note ++

*en relativisant cette idée : le sexe serait bien le plaisir le plus démocratique qui soit si on n’en privait pas certains et surtout certaines par des mutilations comme l’excision. Ce sont encore 100 à 140 millions de femmes qui sont touchées de par le monde et dans certains pays, cette pratique loin de s’éteindre est en hausse. Mais bon… je n’avais pas envie d’entacher mon texte avec ce “petit” souci, toujours  bon à rappeler. Sources : UNFPA 2007

++ Liens ++

++ Livre ++

“Technologies de l’orgasme. Le vibromasseur, l”hystérie’ et la satisfaction sexuelle des femmes”, de Rachel P. Maines, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Oristelle Bonis, préface d’Alain Giami, Payot.

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Article d’Isabelle Delannoy initialement paru sur Ecoloinfo.com

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